Contrairement à beaucoup d’autres fleuves, l’Amazone est dépourvu de ponts malgré son exceptionnelle longueur. Comment expliquer l’absence de ces infrastructures ?
L’Amazone est le deuxième plus long fleuve du monde. C’est aussi le plus puissant et l’une des voies navigables les plus importantes de la planète. Ces eaux abritent également une faune riche et variée, dont le boto, également connu sous le nom de dauphin de l’Amazone, l’anaconda géant ou encore de nombreux piranhas, sans oublier des milliers d’autres espèces de poissons, d’amphibiens, de crabes et de tortues.
Il y a en revanche quelque chose qu’on ne trouve pas sur le fleuve Amazone : des ponts. Les autres grands fleuves du monde comme le Nil, le Yangtze ou encore le Danube en comptent pourtant plusieurs dizaines. Comment l’expliquer ? Y a-t-il des difficultés fondamentales à construire de telles structures dans la région ? Existe-t-il des freins financiers ou est-ce que cela ne vaut tout simplement pas la peine ? Plusieurs facteurs expliquent cette fameuse « anomalie amazonienne ».
Besoin, défis d’ingénierie et investissements financiers
D’une part, il n’y a pas de besoin suffisamment pressant. Comme le souligne Walter Kaufmann, de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH), l’Amazone (6 920 kilomètres) serpente à travers des zones peu peuplées, ce qui signifie qu’il y a très peu de routes auxquelles un éventuel pont pourrait se connecter. Les bateaux sont utilisés pour déplacer les marchandises et les personnes d’une rive à l’autre près des villages qui bordent le fleuve.
Il existe aussi des difficultés techniques et logistiques. L’Amazone est en effet tapissé de vastes marais et autres sols meubles qui nécessiteraient de très longs viaducs d’accès (des ponts à plusieurs travées traversant des zones inférieures étendues) et des fondations très profondes. De plus, ce fleuve est sujet à d’importants changements au fil des saisons, avec des « différences prononcées » dans la profondeur de l’eau, ce qui rendrait la construction « extrêmement contraignante« , ajoute le chercheur. Ces fortes variations saisonnières empêchent également la construction de pontons ou autres structures flottantes.
Par exemple, pendant la saison sèche (entre juin et novembre) l’Amazone a une largeur moyenne comprise entre 3,2 et 9,7 km, tandis que pendant la saison des pluies (décembre à avril), la rivière peut être aussi large que 48 km. Le niveau de l’eau peut également être quinze mètres plus haut qu’il ne l’est pendant la saison sèche.
Enfin, tous ces défis d’ingénierie s’accompagneraient également d’investissements financiers importants.
En définitive, les inconvénients l’emporteraient très largement sur les avantages. Cela ne veut pas forcément dire que ça n’arrivera jamais. Il est en effet possible qu’il y ait des développements économiques imprévus dans la région au cours de ces prochaines années. Un jour, les besoins l’emporteront ainsi peut-être sur les difficultés.