Des bactéries présentes dans nos intestins pourraient expliquer pourquoi nous réagissons tous différemment à des médicaments. Une découverte qui pourrait permettre d’améliorer l’efficacité de certains traitements.
Vous l’avez peut-être remarqué, nous ne réagissons pas tous de la même manière à certains médicaments. Chez certaines personnes, tel ou tel traitement va fonctionner, quand chez d’autres les effets secondaires vont se manifester de manière beaucoup plus poussée. Pourquoi ? Nous savons que la génétique peut influer sur notre réponse aux médicaments, mais des recherches récentes ont suggéré que notre microbiome intestinal pourrait avoir un rôle à jouer. Malgré tout, les mécanismes moléculaires restent encore largement inconnus. Cette nouvelle étude, publiée dans la revue Nature, nous permet d’y voir un peu plus clair.
Une souche largement responsable
Pour ces nouveaux travaux, des chercheurs de l’Université de Yale (États-Unis) ont étudié la manière dont certains médicaments peuvent interagir avec des microbes spécifiques dans l’intestin. Ils ont pour ce faire examiné la manière dont 76 types de bactéries décomposent 271 médicaments thérapeutiques oraux courants. Les résultats ont alors montré que sur ces 271 traitements, 176 étaient affectés de manière négative par une souche bactérienne. Cette découverte a également permis aux chercheurs d’identifier les gènes lui conférant cette capacité.
Chaque personne ayant un microbiome intestinal différent, en partie, cette nouvelle découverte pourrait donc expliquer pourquoi certaines personnes métabolisent les médicaments rapidement, tandis que d’autres le font plus lentement, voire pas du tout.
Travailler sur le microbiome
« C’est une proportion étonnamment élevée, explique Michael Zimmermann, principal auteur du papier. Nous espérons que cette étude fournira une première étape utile dans la compréhension de la contribution du microbiome au métabolisme des médicaments, poursuit-il. Nous pensons que ces approches pourraient nous éclairer sur la manière dont le microbiome intestinal module également notre réponse aux composés non médicamenteux, tels que les nutriments alimentaires et les agents environnementaux ».
Maria Zimmermann-Kogadeeva, co-auteure des travaux, relève de son côté que l’identification de biomarqueurs pourrait un jour « aider les médecins à prescrire les médicaments les plus sûrs pour chaque patient ».
En plus de pouvoir personnaliser les prescriptions pour chaque patient, cette nouvelle étude propose également le fait que nous puissions, un jour, manipuler certains microbiomes pour rendre les traitements plus efficaces. Nous pourrions le faire de manière naturelle, en modifiant notre alimentation, par exemple. Ou donner un petit « coup de pouce » à nos intestins via – pourquoi pas – des greffes de selles. Le but étant de faire en sorte que les patients s’adaptent à leurs médicaments, plutôt que l’inverse.
Source
Articles liés :