Pourquoi l’hémisphère Sud est-il plus tempétueux que l’hémisphère Nord ?

Crédits : NASA Earth Observatory.

Si l’on sait depuis longtemps que les vents d’ouest caractéristiques des latitudes tempérées sont plus puissants dans l’hémisphère Sud, une explication complète et définitive faisait encore défaut. Des chercheurs ont désormais fait la lumière sur cette asymétrie. Leurs résultats ont récemment été publiés dans la revue scientifique PNAS.

Les vents d’ouest des moyennes latitudes et leurs lots de tempêtes sont bien plus vigoureux dans l’hémisphère Sud que dans l’hémisphère Nord. Cette asymétrie est connue depuis longtemps par les marins, bien au fait des vents particulièrement puissants que l’on retrouve aux moyennes latitudes australes et auxquels ils attribuèrent les noms de quarantièmes rugissants et de cinquantièmes hurlants, en référence aux bandes de latitudes où ils se produisent.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’existait jusqu’à présent aucune explication définitive et quantifiée à cette asymétrie. C’est désormais chose faite puisqu’une étude s’est fixée pour objectif de décortiquer les mécanismes à l’origine de l’écart entre hémisphère Nord et hémisphère Sud. En désactivant tour à tour les diverses composantes d’un modèle de circulation générale, les chercheurs ont pu établir les facteurs en cause et quantifier leurs contributions respectives.

tempête vents d'ouest
Crédits : NASA Earth Observatory.

Asymétrie des ceintures de vents d’ouest : une question de montagnes et de circulation océanique

La moitié de la différence s’explique par les chaînes de montagnes et les continents qui ralentissent le courant d’ouest. Or, l’hémisphère Sud est beaucoup plus océanique que l’hémisphère Nord, en particulier aux latitudes moyennes. Les vents austraux sont donc bien moins perturbés. L’autre tient à la circulation océanique. Dans l’hémisphère Sud, celle-ci fournit plus d’énergie aux rails des dépressions que dans l’hémisphère Nord, contribuant à des vents d’ouest plus puissants. Ces deux éléments permettent d’expliquer l’asymétrie observée.

Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont par ailleurs remarqué que l’écart entre les deux hémisphères s’était accentué depuis les années 1980. Cette tendance concrétise l’intensification des tempêtes et des vents d’ouest dans l’hémisphère Sud, l’hémisphère Nord ayant peu évolué, ce qui corrobore les projections des modèles de climat en réponse aux émissions de gaz à effet de serre par les activités humaines.

En effet, la circulation océanique se modifie à mesure que le climat se réchauffe. Dans cette région, plus d’énergie est transférée à l’atmosphère, ce qui augmente un peu plus encore l’intensité des tempêtes. Au Nord, cette influence est compensée par la diminution du gradient thermique associée au recul de la banquise. « En posant cette base de compréhension, nous augmentons la confiance dans les projections climatiques et aidons ainsi la société à mieux se préparer aux impacts du changement climatique », relate Tiffany A. Shaw, auteure principale de l’étude.