Pourquoi les tapirs pourraient être la clé pour reboiser l’Amazonie

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Crédits : zoosnow/Pixabay

Une récente étude nous révèle que les tapirs du Brésil, en Amazonie, défèquent trois fois plus de graines dans les zones brûlées que dans les forêts vierges.

La forêt amazonienne est en proie à une importante déforestation depuis plusieurs décennies. L’une des réponses les plus évidentes à ce fléau vise à planter plus d’arbres. Mais le processus est plus compliqué, long et coûteux qu’il n’en a l’air. Un moyen économique et capable de nous garantir une dispersion des graines suffisante (mais aussi le bon mélange) consiste à s’appuyer directement sur la faune locale. Et dans le contexte sud-américain, selon une étude publiée dans Biotropica, les tapirs semblent être de vrais alliés pour cette mission.

« Les excréments des tapirs du Brésil (Tapirus terrestris) peuvent être essentiels dans la régénération des forêts touchées par l’exploitation forestière intensive et l’agriculture sur brûlis », assure Lucas Paolucci, de l’Amazon Environmental Research Institute et principal auteur de ces travaux.

Ces animaux, les plus gros mammifères sud-américains, se régalent en effet des fruits de plus de 300 espèces végétales. Mais surtout, ils couvrent d’importantes distances avec le ventre rempli de graines, notamment celles de grands arbres qui ne peuvent traverser le système digestif de plus petits animaux. Arbres qui, on le sait, sont capables de stocker énormément de carbone.

En déféquant sur leur chemin, aidés par les bousiers qui enterrent une partie de leurs excréments, les tapirs sont ainsi capables de disperser de nombreux graines d’espèces variées à travers le paysage forestier.

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Crédits : JStolp/Pixabay

Les tapirs privilégient les zones dégradées

Luca Paolucci a commencé à s’intéresser aux fientes de tapirs en 2016, intégrant alors une équipe qui visait à évaluer le rôle de ces mammifères magnanimes dans la restauration des forêts perturbées.

L’équipe a mené une expérience dans l’est du Mato Grosso (Brésil), où deux parcelles forestières avaient été brûlées à des degrés divers de 2004 à 2010. Une parcelle était brûlée chaque année, tandis que l’autre était brûlée tous les trois ans. Un troisième parcelle « vierge » a également été considérée en tant que groupe témoin.

Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont enregistré les emplacements de 163 tas de fumier. Ils ont ensuite tamisé ces matières fécales, pour finalement réussir à isoler un total de 129 204 graines de 24 espèces végétales. Il est alors ressorti que les tapirs avaient distribué trois fois plus de graines dans les parcelles brûlées que dans les forêts vierges.

Ces résultats concordent par ailleurs avec les relevés de pièges photographiques, nous révélant que les mammifères passent visiblement beaucoup plus de temps sur les terres dégradées pour se délecter des jeunes pousses, mais aussi probablement pour profiter des rayons du soleil, moins filtrés par la canopée.

En outre, il est ressorti de ces travaux que plus de 99% des 130 000 graines isolées dans les excréments des tapirs avaient réussi à s’en sortir « indemnes ». Ce qui signifie qu’elles avaient au moins le potentiel de germer.

Bien évidemment, les tapirs ne peuvent pas reboiser toute l’Amazonie à eux seuls, mais cette étude suggère qu’ils pourraient être de précieux alliés. Il est également utile de rappeler que cette espèce est en léger déclin, désormais considérée comme vulnérable sur la liste rouge de l’UICN, victime de la perte d’habitat et de la chasse.

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