Pourquoi les filles ont-elles leurs règles de plus en plus jeunes ?

mère fille
Crédits : Pixabay

Notamment en occident, on constate que les premières menstruations se manifestent de plus en plus tôt chez les jeunes filles. Quelles en sont les raisons ? Et peut-il y avoir des impacts sur la santé ?

En 200 ans, l’âge moyen des premières règles n’a cessé de diminuer en France. Proche de 16 ans vers 1750, il est descendu à près de 15 ans vers 1850 puis 13 ans en 1950. Au milieu des années 90, les premières règles se manifestaient en moyenne à l’âge de 12,6 ans.

Aujourd’hui, en Europe comme aux États-Unis, l’âge moyen des premières règles est de 12 ans, mais la puberté ne commence pas avec la menstruation. « Le développement des seins, par exemple, se manifeste 18 mois à deux ans plus tôt qu’il y a quelques décennies« , explique Frank Biro du centre médical de l’Hôpital pour enfants de Cincinnati.

Dans une étude publiée en 2013 dans la revue Pediatrics, le chercheur avait en effet fixé l’âge moyen du développement du sein à 8,8 ans pour les filles afro-américaines, à 9,3 ans pour les filles hispaniques, à 9,7 ans pour celles de race blanche et à 9,7 ans pour les Américains d’origine asiatique. Les « symptômes » de la puberté féminine se manifestent donc de plus en plus tôt, mais pourquoi ?

Plusieurs facteurs

L’explication la plus plausible pour laquelle les règles et le développement du sein pourraient se manifester plus tôt est que les filles ont tendance à être plus « fortes » physiquement aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a 20 ans. Ce pourcentage de graisse corporelle plus élevé conduirait en effet à une activation plus précoce de la glande pituitaire qui produit les hormones responsables pour la puberté.

Une étude publiée deux ans plus tard dans la revue Human Reproduction avait également rapporté que les jeunes filles qui boivent fréquemment des boissons sucrées ont tendance à avoir leurs premières règles plus tôt que celles qui n’en boivent pas.

D’autres facteurs pourraient également jouer un rôle. « La réduction de l’activité physique et une alimentation plus dense en calories font probablement partie du puzzle, explique le chercheur. Mais je pense qu’un autre élément crucial est notre exposition environnementale omniprésente aux produits chimiques perturbant le système endocrinien. Cette classe de produits chimiques (notamment les phtalates, le bisphénol A et autres) est utilisée dans de nombreux produits de consommation, et il a été démontré qu’elle imitait l’oestrogène et d’autres hormones naturelles dans le corps humain« .

Pour le chercheur, certains de ces produits chimiques pourraient favoriser la prise de poids ou contribuer à la puberté précoce en influençant la manière dont les cellules et le corps régulent le métabolisme, ce qui affecte ensuite la production d’œstrogènes. Le stress, capable de modifier les taux d’œstrogènes, pourrait également jouer un rôle. Une fois le constat réalisé, la question est maintenant de savoir si une puberté plus précoce peut avoir des effets indésirables sur la santé des intéressées.

règles menstruations
Crédits : Pixabay

Santé physique et mentale

Les données collectées par Frank Biro montrent maintenant que les filles concernées ont tendance à rester plus longtemps une « fenêtre de susceptibilité ». Durant cette période, les expositions environnementales ont plus de chances d’avoir un impact sur leur santé future. Le fait d’exposer les cellules à l’œstrogène et à d’autres hormones pendant une plus longue période pourrait par exemple favoriser le développement du cancer du sein plus tard dans la vie.

D’autres chercheurs s’intéressent de leur côté l’impact psychologique de la puberté précoce sur les jeunes filles. « Nous savons que le développement cognitif précoce ne correspond pas au développement précoce de la reproduction« , explique en effet Marcia Herman-Giddens, professeure auxiliaire en santé maternelle et infantile à l’Université de Caroline du Nord.

« Comment enseigner aux enfants à gérer les pulsions sexuelles et les autres réalités de la puberté ? Rappelons que ces filles doivent faire face aux avances sexuelles de garçons plus âgés, et même d’hommes, bien avant d’être prêtes à naviguer dans cette voie« .

Articles liés :

Les règles impactent-elles les capacités cognitives des femmes ?

Règles : Le trouble dysphorique prémenstruel aurait une origine génétique

On sait enfin pourquoi les règles sont si douloureuses