Pourquoi les auteurs de tueries de masse sont rarement des femmes ?

arme pistolet
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Les tueries de masse, encore plus que les autres types de violence, sont un phénomène masculin. Les hommes représentent en effet 96 % des tueurs de masse. Des tueuses de masse ont également sévi, mais elles se font rares. Pour quelle(s) raison(s) ?

Le 29 janvier 1979, Brenda Ann Spencer, une lycéenne âgée de 16 ans, ouvre le feu depuis sa fenêtre sur les personnes présentes dans une école élémentaire à San Diego en Californie. Équipée d’un fusil de chasse, la jeune femme tue deux adultes et fait neuf blessés, dont huit enfants. Elle déclarera pour sa défense avoir été victime d’inceste. Le 30 octobre 1985, Sylvia Seegrist, 25 ans, ouvre le feu dans un centre commercial de Springfield (Pennsylvanie). Trois personnes trouvent la mort dont un enfant âgé de 2 ans. Lorsque l’un des vigiles du centre la désarma et lui demanda si elle réalisait ce qu’elle venait de faire, la jeune femme répondit simplement : « Ma famille me rend nerveuse. » Il existe donc bien des cas, mais aussi horribles soient-ils, ils sont rares.

Les tueuses de masse féminines sont « si rares que cela n’a tout simplement pas été étudié », explique James Garbarino, psychologue à l’Université Loyola de Chicago qui a étudié le développement humain et la violence. « Il n’y a pas assez de cas ». En général, les femmes font beaucoup moins homicides que les hommes. Selon Adam Lankford, professeur de justice pénale, les femmes ne commettent que 10 à 13 % des homicides aux États-Unis. Et quand les elles tuent, elles sont moins susceptibles que les hommes de choisir des armes à feu pour le faire. Seulement 8 % des auteurs d’homicides par arme à feu sont des femmes. En comparaison, 40 % des empoisonnements et 20 % des décès par incendie sont liés à des femmes.

Donc, les hommes tuent plus. Bien sûr, la plupart des d’entre eux mènent leur vie sans jamais tuer personne, heureusement. Et les motifs de crime sont personnels : qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, tous ne tuent pas pour les mêmes raisons. Chaque cas est unique, soulignent les experts. Mais quelque chose dans la combinaison de la biologie et de la socialisation masculine rend les hommes plus enclins à la violence. Cet écart se retrouve d’ailleurs dans presque toutes les cultures à travers le monde.

Il n’y a pas de réponses simples. La théorie la plus facile à exploiter est probablement celle de l’évolution : les hommes, après des centaines de milliers d’années de développement, ont toujours été récompensés pour leur agression. Une tendance à la violence est également observée chez les chimpanzés, nos parents les plus proches des primates vivants. La violence récompense les mâles d’un meilleur statut, indispensable pour pouvoir s’accoupler. En effet, la frustration sexuelle est un thème qui traverse les écrits de nombreux tireurs de masse masculins. Beaucoup de tireurs ont laissé des manifestes détaillant explicitement leur haine des femmes – et des hommes qui semblaient naviguer avec aisance dans les relations avec les femmes. D’autre part, ces hommes étaient en particulier ceux issus de traditions religieuses strictes. Les amis et la famille du pirate de l’air du 11 septembre, Mohamed Atta, se souviennent de lui comme étant extrêmement timide et souvent repoussé par des femmes, par exemple.

« En revanche, je ne connais pas de femmes tueuses qui se soient plaintes de ne pas avoir des rapports sexuels », note Adam Lankford. Ainsi les hommes pourraient répondre à un scénario culturel qui assimile la violence à la masculinité. Par ailleurs, la plupart ne sont pas solitaires : ils essaient de s’intégrer mais doivent lutter pour le faire, avant de finir par échouer. Ils se retrouvent alors déçus et humiliés. Ainsi, ils décident d’échanger leur personnage « perdant » avec quelqu’un de plus « attrayant ». « Malheureusement pour nous tous, ce quelque chose de plus attrayant est le rôle de l’antihéros », note à juste titre Katherine Newman, sociologue à l’Université du Massachusetts.

Les femmes ne réagissent pas de la même manière, poursuit-elle en affirmant que la réputation féminine se joue d’une autre façon, comme avec les rumeurs calomnieuses ou l’automutilation. Les variations d’un gène appelé MAOA combinées avec des facteurs de stress précoces du développement comme l’abus ou la consommation de drogues peuvent également augmenter le risque de criminalité d’un homme. « Les hommes sont également plus susceptibles que les femmes de fonder leurs décisions morales sur des principes abstraits plutôt que sur l’empathie », note James Garbarino. « Quoi que la culture offre en termes de justification de la violence juste, les hommes sont plus enclins à la mettre en œuvre ».

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