Pourquoi le Leopard 2 est un char aussi puissant

char Leopard 2
Crédits : KMW

Près d’un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’OTAN commence à envoyer des chars Leopard 2 sur le terrain pour dynamiser l’armée ukrainienne. Conçu et construit par l’Allemagne dans les années 1970, c’est l’un des chars les plus utilisés au monde. C’est aussi de loin le char le plus populaire et le plus puissant de l’inventaire de l’OTAN. Quelles sont ses caractéristiques ?

Les besoins d’un char efficace

Nous sommes en 1955, dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Allemagne est alors scindée en deux. D’un côté, l’Allemagne de l’Ouest, alliée des États-Unis, est membre de l’OTAN. De l’autre, l’Allemagne de l’Est, alliée de l’Union soviétique, est membre du Pacte de Varsovie. L’Allemagne de l’Ouest, en première ligne pour faire face aux armées ennemies numériquement supérieures, veut reconstituer ses forces armées terrestres pour pouvoir lutter en cas d’invasion. Elle crée alors la Bundeswehr (Forces armées fédérales) et, sous elle, la Heer (armée allemande).

Très vite, la Heer totalise un peu plus de 5 000 chars, ce qui n’est pas suffisant. À l’époque, les analystes estiment en effet qu’en seulement trente jours, l’ensemble du Pacte de Varsovie pourrait mobiliser plus de 41 000 chars. L’OTAN ne peut en revanche pas aller au-delà de 15 560 au cours de la même période. L’Allemagne de l’Ouest, qui ne peut égaler numériquement le nombre de chars adverses, comprend alors qu’elle a besoin de véhicules supérieurs aux T-62 et T-55 du Pacte de Varsovie. De cette intention naîtra le Leopard 2, en 1979.

Lourd et rapide

La conception des chars est régie par trois facteurs : le blindage, la puissance de feu et la mobilité. Pour jouer sur ces trois tableaux, il est généralement nécessaire de faire des compromis. Chaque arme disponible à bord introduit en effet des contraintes de poids et de volume interne. Par ailleurs, un char avec un blindage lourd sera certes insensible aux tirs ennemis, mais sera plus lent sur le champ de bataille. À l’inverse, un char plus léger et plus mobile peut être plus vulnérable. Le premier char d’après-guerre de l’Allemagne de l’Ouest, le Leopard 1, était l’un de ces véhicules.

Le Leopard 2 est quant à lui un char de combat principal plus équilibré d’une masse avoisinant les 55 tonnes. Il est propulsé par un moteur diesel MTU MB 873 12 cylindres produisant 1 500 chevaux. Cela se traduit par un rapport de 27 chevaux par tonne, suffisant pour le conduire à une vitesse de pointe de près de 70 km/h. Son autonomie est d’environ 450 km. Il est exploité par quatre personnes, dont un commandant, un mitrailleur, un chargeur et un chauffeur.

Leopard 2
Un Leopard 2A5 de la Bundeswehr en 2010. Crédits : Bundeswehr-Fotos

Puissance de feu et blindage

Le Leopard 2 est armé d’un canon lisse Rh-120 L44 de 120 millimètres. Celui-ci est desservi par l’un des systèmes de contrôle de tir les plus avancés au monde avec un ordinateur balistique, un télémètre laser et une vision nocturne thermique. Une balle tirée quitte le canon à plus de 1 700 m/s. À titre de comparaison, une balle de fusil 30-06 Springfield part à un peu plus de 900 m/s.

Ce canon Rh-120 est également très précis lors des tirs en mouvement, même sur terrain accidenté, grâce à un système de stabilisation à deux axes qui neutralise le mouvement du char par rapport à la position de l’arme. Les chars plus anciens doivent quant à eux souvent s’arrêter pour tirer avec précision.

Côté obus-flèche, un type de munition anti-char sous-calibrée hypervéloce, les premiers Leopards 2 utilisaient le DM-13, une « fléchette » en acier capable de pénétrer 390 millimètres de blindage de char à près de deux kilomètres de distance. De nos jours, ces véhicules transportent des cartouches beaucoup plus puissantes, certaines capables de pénétrer 750 millimètres de blindage de char à la même distance.

Le char est également équipé d’une mitrailleuse MG3A1 montée avec le canon principal pour engager des cibles au sol. Une deuxième, montée au-dessus de la tourelle, est utilisée par le commandant pour engager les avions ennemis.

Enfin, côté blindage, deux éléments de 500 kg chacun sont montés de part et d’autre du canon tandis que deux plus petits protègent les coins avant de la tourelle. Ces éléments sont constitués d’une succession de fines plaques d’acier séparées par des couches d’élastomère, de quoi stopper des obus-flèches DM43 (capables de percer 590 mm d’acier) tirés à une distance inférieure ou égale à 2 000 mètres.