Pourquoi le Japon a décidé de se tourner massivement vers le charbon

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Après le tsunami ayant causé l’accident de la centrale de Fukushima en 2011, le Japon s’est tourné vers le charbon. Cependant, l’accident nucléaire n’est pas la seule raison de ce revirement.

Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 – dont l’épicentre se trouvait dans l’océan à 300 km au nord-est de Tokyo – frappe le pays. Ce tremblement de terre a engendré un tsunami dont les vagues ont atteint une hauteur estimée par endroits à plus de 30 mètres, et ayant parcouru pour certaines jusqu’à 10 kilomètres à l’intérieur des terres sur une longueur de côte de 600 kilomètres ! Comme chacun sait, la centrale nucléaire de Fukushima a été gravement touchée à l’occasion de ce désastre.

Alors que certaines villes et zones portuaires ont été partiellement détruites, dont de nombreuses usines, le Japon s’est trouvé dans l’urgence de s’équiper d’usines de production d’électricité requérant l’utilisation de gaz naturel liquéfié, une ressource importée très onéreuse. Les autorités n’ont pas eu le choix dans la mesure où toutes les installations nucléaires ont été stoppées afin d’améliorer leur sécurité en cas de nouvel épisode sismique, comme l’explique l’ancien chercheur en biologie au CNRS Jacques Henry dans un article de Contrepoints paru le 7 mai 2018.

Ainsi, le pays s’est tourné à nouveau vers le charbon alors qu’en 2010, le ministère de l’Industrie japonais (METI) avait prévu une baisse de la consommation de cette source d’énergie primaire et polluante. Néanmoins, il s’agit d’une ressource bien moins chère que le gaz naturel liquéfié importé, et le gouvernement n’a pas eu le choix.

Évidemment, nous pouvons citer les énergies renouvelables, mais il s’avère que la population japonaise ne les apprécie que très peu. En effet, les moulins à vent et éoliennes gâcheraient le paysage naturel et provoqueraient un gâchis visuel, surtout qu’il s’agit pour eux d’une source d’énergie électrique aléatoire. Par ailleurs, il est hors de question de construire d’importants barrages hydro-électriques en raison de la pression au niveau des espaces constructibles, et surtout parce que l’archipel est très exposé aux séismes.

Ainsi depuis 2011, le Japon a mis en service huit centrales électriques au charbon alors qu’actuellement, 36 autres sont en construction. En parallèle, depuis l’accident de Fukushima, seuls 7 des 54 réacteurs nucléaires du pays ont été remis en marche, une réhabilitation entravée par les mouvements écologiques locaux.

Le fait est que pour sauver son économie, le gouvernement n’a pas trouvé d’autre décision à prendre que de se tourner massivement vers le charbon – celui-ci étant principalement importé d’Australie. D’ici peu, ce pays devrait tenir la troisième place des pays les plus consommateurs de charbon derrière la Chine et l’Inde et aura définitivement, au moins pour quelques décennies, tourné le dos au Protocole de Kyoto signé en 1997 et entré en vigueur en 2005.

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