Pourquoi le corps d’une mère garde-t-il certaines cellules de son bébé après la naissance ?

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Avoir un enfant change une femme. Elle devient alors une mère qui peut vivre le reste de sa vie avec des cellules qui ne sont pas les siennes, mais celles de son bébé. Pour quoi faire, exactement ?

Au cours de la grossesse, certaines cellules du fœtus quittent l’utérus, traversent le placenta et pénètrent dans la circulation sanguine de la mère, où elles se retrouvent dans diverses parties de son corps. Ce phénomène, appelé « microchimérisme fœtal » et découvert à la fin du 19e siècle par un scientifique allemand nommé Georg Schmorl, interroge encore les chercheurs d’aujourd’hui.

« Il n’est pas surprenant que les cellules puissent être facilement échangées entre la mère et le fœtus », explique Amy Boddy, biologiste américaine à l’Université de Californie à Santa Barbara. « C’est parce que les humains ont l’un des types de placentas les plus invasifs parmi les mammifères – qui réorganise les artères afin qu’il y ait un flux sanguin direct entre la mère et le fœtus ». Cet échange de cellules commence environ six semaines après une grossesse et se poursuit ensuite.

Des études ont montré que ces cellules fœtales peuvent voyager partout dans le corps – cerveau, cœur, reins, poumons, rate et foie. Le fait qu’elles puissent être trouvées dans autant de tissus différents indique que ces cellules sont probablement des cellules souches, qui peuvent se différencier en n’importe quel type de cellule. Le corps de la mère élimine la plupart de ces cellules fœtales en circulation peu de temps après la grossesse, mais certaines échappent au système immunitaire et peuvent rester pendant de longues périodes dans l’organisme de la mère – dans certains cas, même toute une vie.

« Si les cellules sont intégrées dans le tissu… elles peuvent être là pour la vie », poursuit la chercheuse. « Nous ne savons pas pourquoi celles qui persistent restent ». Mais le fait qu’elles subsistent suggère qu’il pourrait y avoir une explication adaptative. Peut-être que « ces cellules fœtales pourraient être bénéfiques, ou du moins pas si nuisibles ». Une hypothèse avancée par les chercheurs suggère que ces cellules pourraient détourner et augmenter les niveaux d’hormones maternelles pour les processus post-nataux importants, y compris la lactation.

D’autres recherches cependant, ont montré que les cellules fœtales peuvent éventuellement nuire aux mères. Par exemple, quelques études auto-immunes ou sur le cancer ont trouvé plus de cellules fœtales dans les tissus malades que dans les tissus non malades. Mais les scientifiques ne sont pas sûrs si ces cellules sont juste présentes en tant que « spectatrices » ou si elles sont réellement nuisibles.

Une troisième possibilité est qu’elles aident à réparer les tissus concernés, notamment le cœur et le foie. Elles sont en effet capables de se transformer en cellules cardiaques ou hépatiques. Ces dernières participeraient alors activement à la guérison de plaies, notamment au niveau de l’incision pour la césarienne.

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