Pourquoi la recherche sur le cerveau ignore-t-elle les individus gauchers ?

cerveau
Crédits : iStock

Lors de leur formation, les neuroscientifiques apprennent une règle empirique étonnante : l’inclusion des personnes gauchères dans les recherches sur le cerveau serait mauvaise. En d’autres termes, les neurosciences ignorent les gauchers la plupart du temps ! Pourquoi une telle exclusion ? S’agit-il d’une erreur ?

Une exclusion banalisée

Lyam Bailey est doctorante en psychologie et neurosciences à l’Université Dalhousie (Canada). L’intéressée, interrogée dans un article publié par Vice le 10 juillet 2020, indique qu’une grande partie des personnes gauchères sont frustrées. La raison se trouve dans la trop faible quantité d’études auxquelles ces personnes peuvent participer.

En effet, les personnes gauchères sont dans une écrasante majorité des cas exclues des protocoles de recherche sur le cerveau. Et pourtant, les gauchers représentent environ 10 % de la population. Par ailleurs, non seulement les personnes gauchères sont exclues des recherches en neurosciences au niveau du langage ou de la motricité, mais ces dernières le sont également des recherches portant sur l’imagerie cérébrale, notamment celles intégrant des scintigraphies cérébrales.

Comme l’explique Emma Karlsson, postdoctorante en psychologie et neurosciences cognitives à l’Université Bangor (Pays de Galles), cette exclusion fait partie des règles de base apprises par les étudiants.

Comment expliquer cette exclusion ?

Il s’avère que les chercheurs préfèrent travailler sur des sujets qu’il est possible de comparer les uns aux autres. L’objectif est de pourvoir faire des moyennes par groupe et ainsi pouvoir apporter des conclusions sur le fonctionnement global du cerveau. Or, le fait est que le cerveau des gauchers fonctionne différemment, du moins en ce qui concerne certaines tâches. Il est notamment question de latéralisation, qui peut par exemple être relative au traitement du langage ou encore à la motricité.

latéralisation cerveau
La latéralisation, un frein à l’inclusion des gauchers dans les recherches en neurosciences.
Crédits : Chickensaresocute / Wikipedia

Pour rappel, deux hémisphères composent le cerveau. Or, l’anatomie entre ces deux hémisphères n’est pas totalement identique. Par exemple au niveau du langage, un des deux hémisphères assume la plupart du travail. Dans le cas des droitiers, le traitement du langage a lieu en majorité dans l’hémisphère gauche du cerveau. En revanche, les gauchers utilisent les deux hémisphères à la fois ou bien seulement le droit.

Pour Emma Karlsson, il s’agit d’une erreur. L’intéressée estime qu’inclure les personnes gauchères pourrait permettre d’en apprendre davantage sur la manière dont fonctionne le cerveau. Par exemple, nous pourrions mieux comprendre la division des tâches par les hémisphères gauche et droit et en savoir plus sur l’aspect génétique des asymétries du cerveau.