Pourquoi la première respiration de bébé est-elle aussi essentielle ?

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Si la toute première respiration d’un nouveau-né est un grand moment d’émotion, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’un acte essentiel pour sa survie. Dans une récente étude, des chercheurs étasuniens ont mis en exergue un gène spécifique. Ce dernier, contrôlant la respiration autonome, s’active au moment idéal.

Un réflexe respiratoire indispensable

La première respiration de bébé dès sa naissance est un moment d’émotion inoubliable pour les parents. Si l’enfant est incapable de s’en souvenir, il faut savoir que ce moment où les poumons reçoivent pour la première fois de l’oxygène après la vie intra-utérine est crucial pour sa vie. Il s’agit ici d’un réflexe respiratoire, dont plusieurs types de neurones respiratoires sont responsables. Parmi ces derniers, nous retrouvons ceux du noyau rétro-trapézoïde (tronc cérébral) gérant le rythme respiratoire ainsi que le chémoréflexe respiratoire central au CO2, c’est-à-dire le contrôle de la pression partielle artérielle en CO2 et en hydrogène.

Il existe une anomalie dans la respiration autonome, à l’origine du syndrome d’Ondine. Cette maladie rare se caractérise par l’absence congénitale du contrôle central de la respiration et une atteinte diffuse du système nerveux autonome. La faute au gène Phox2B, exprimé dans les neurones du noyau rétro-trapézoïde et générant une trop faible ventilation au niveau des alvéoles pulmonaires.

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Crédits : Realt0n12/Wikipedia

Dans une étude parue dans la revue Nature le 2 décembre 2020, des chercheurs de l’Université de Virginie à Charlottesville (États-Unis) ont donné les résultats de leurs expériences. Les scientifiques ont utilisé des souris afin d’étudier Pacap, un autre gène exprimé dans les neurones du noyau rétro-trapézoïde. Ce gène code pour le compte d’un neurotransmetteur sécrété lorsque le nouveau-né prend sa première respiration. Sans le gène Pacap, la respiration de l’enfant fait face à un trouble ouvrant la voie aux symptômes de la mort subite du nourrisson.

Plus de risques de mort subite

Selon les meneurs de l’étude, le gène Pacap code pour un neuropeptide du même nom. Composé de 176 acides aminés, ce dernier se trouve au niveau du chromosome 18. Après avoir altéré l’activité de ce gène, les chercheurs ont observé que les souriceaux nouveau-nés avaient quatre fois plus de risques d’avoir des troubles de la respiration (apnées). Or, ces « pauses » dans la respiration sont dangereuses pour les bébés. Les chercheurs ont également mis en évidence une aggravation de ces troubles en fonction de la température. Lorsqu’il fait par exemple 30 °C, la fréquence des apnées chez les souris Pacap est trois fois supérieure que chez les souris habituelles.

De plus, les souris Pacap ont un chémoréflexe respiratoire central au CO2 50 % fois plus réduit que celui des souris normales. Néanmoins, les troubles ne sont pas le fait de l’absence du neuropeptide Pacap mais plutôt de la diminution de l’expression de PAC1, son récepteur. Or, lorsque le gène n’est plus fonctionnel, seulement 5 % des neurones du noyau rétro-trapézoïde peuvent exprimer PAC1. Si cette dysfonction du gène Pacap n’est en soi pas mortelle pour les souris, ce dernier augmente tout de même leur risque de mort subite.