Pourquoi la migration du krill en Antarctique est source d’inquiétude

krill
Crédits : Wikipédia

Les populations de baleines, pingouins et autres poissons se nourrissent de krill, des petites crevettes très abondantes. Or en l’espace de 40 ans, les bancs de krill se sont déplacés de plus de 400km vers le sud. Qu’implique cette migration massive ?

Une des espèces les plus abondantes sur Terre

L’appellation « krill » concerne pas moins de 85 espèces de petites crevettes des eaux froides se nourrissant de phytoplancton. Dans l’océan Austral, il est question du krill antarctique (Euphausia superba) dont les baleines se nourrissent à raison de plusieurs tonnes par jour. Nourrissant également les dauphins, phoques, calmars, oiseaux marins et autres poissons, le krill est une des espèces les plus abondantes sur Terre. En effet, sa biomasse est estimée entre 100 et 500 millions de tonnes !

Une migration préoccupante

Dans une étude pilotée par le British Antarctic Survey et publiée Nature Climate Change le 21 janvier 2019, les chercheurs font état d’une migration importante du krill vers le sud, plus précisément de 4 degrés de latitude – soit environ 440 km. En se basant sur des relevés de pêche commerciale remontant jusqu’en 1926, les meneurs de l’étude ont affirmé que cette migration s’est étalée sur les 90 dernières années, avec une accélération depuis 1980.

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Par ailleurs, les chercheurs ont évoqué une augmentation moyenne de 6 mm de la taille du krill, ce qui laisse penser à des populations plus âgées. Cela serait dû au retournement positif du phénomène connu sous le nom d’oscillation antarctique à la fin des années 1980. Ce phénomène concerne le déplacement vers le sud des vents d’ouest entourant l’Antarctique, synonyme d’une baisse de la présence de glace dans les zones de rassemblement du krill.

Un krill plus gros évoque donc une diminution du krill juvénile, dont les larves sont particulièrement impactées par l’absence de glace. Ainsi, les zones froides où se reproduit le krill se réduiront toujours plus, si bien que la migration pourrait être bloquée par le continent ! Les chercheurs ont fait mention d’un « habitat beaucoup plus restreint autour de la plateforme antarctique ».

Quelles conséquences ?

Il est question d’un manque de ressource alimentaire pour les animaux dépendant du krill, avec une compétition entre les espèces de plus en plus âpre. Par ailleurs, le krill – devenant plus imposant en taille – n’est plus adapté au régime de certaines espèces.

Les conséquences se jouent également au niveau de l’environnement. Comme dit plus haut, le krill se nourrit de phytoplancton et joue en ce sens un rôle de pompe à carbone océanique. En effet, des déchets riches en carbone sont envoyés par le krill à environ 2 000 mètres de profondeur. Cette séquestration océanique du carbone pourrait être réduite avec la baisse des effectifs de krill causée par un autre danger : la pêche commerciale (250 000 tonnes par an). Ainsi, le réchauffement climatique pourrait être aggravé par cette situation.

Sources : EurekAlert – Futura Sciences

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