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Pourquoi le James Webb Telescope n’a-t-il aucune caméra embarquée ?

James Webb télescope spatial
Crédits : Wikimedia Commons / Kevin Gill

L’équipe chargée de suivre l’évolution du James Webb Telescope dans l’espace ne s’appuie désormais que sur des données de télémétrie. Et pour cause, l’observatoire n’a embarqué aucune caméra extérieure. Pourquoi ? Il y a plusieurs raisons à cela.

Il y a quelques jours, l’Agence spatiale européenne (ESA) partageait une vidéo nous dévoilant le James Webb Telescope libéré par le second étage de sa fusée Ariane 5. En seulement trois minutes, l’observatoire s’éloigne alors de l’écran avant de déployer ses panneaux solaires. Cette séparation aura marqué la première étape majeure d’un voyage d’environ 29 jours menant le télescope vers une zone gravitationnelle stable appelée : le point de Lagrange 2.

Cette vidéo aura également été la dernière vue que nous aurons jamais de cet incroyable instrument. Désormais, l’équipe chargée de suivre son déploiement dans l’espace ne dispose d’aucune photographie à partir de laquelle travailler, ne s’appuyant finalement que sur des données de télémétrie. Mais concrètement, pourquoi ce nouvel observatoire géant n’a-t-il pas de caméras à bord ?

Lumière et chaleur

Interrogée sur le sujet, Julie Van Campen, directrice adjointe de la mise en service du télescope au Goddard Space Center de la NASA, a récemment évoqué plusieurs raisons. Tout d’abord, il convient de rappeler que le développement du James Webb Telescope a commencé il y a déjà deux décennies, à une époque où les caméras portables n’étaient pas encore largement disponibles. Quand bien même, intégrer ce type d’instrument n’aurait pas été une bonne idée.

Le premier défi pour une caméra embarquée aurait en effet été de surmonter le fait que le télescope fonctionne littéralement… dans le noir. Proposer une caméra permettant de suivre l’évolution du télescope aurait donc impliqué l’intégration d’un système d’éclairage. Or, celui-ci aurait perturbé les deux miroirs et les instruments très sensibles du télescope.

Un autre problème avec le déploiement de caméras aurait été une interférence avec le maintien au frais de l’observatoire.

Pour sonder l’univers en profondeur, le JWT se concentre sur les longueurs d’onde infrarouge. Et pour ce faire, il doit se préserver de toute source de chaleur parasite comme celle du Soleil, de la Terre ou de la Lune. C’est d’ailleurs pour cette raison que les ingénieurs ont développé un énorme pare-soleil qui permet de maintenir l’observatoire à des températures avoisinant les -223 °C. Or, une caméra en extérieur ne supporterait pas d’être maintenue à de telles températures. Les ingénieurs auraient donc dû imaginer un système chauffant, ce qui aurait finalement amené l’observatoire à se concentrer accidentellement sur la signature thermique de ce système, et non sur celle des objets les plus lointains de l’univers.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.