Pourquoi Israël et les territoires palestiniens sont-ils flous sur Google Maps ?

Tel Aviv Google Maps
Crédits : capture Google Maps

Lorsque l’on passe en image satellite sur Google Maps et que l’on zoome sur la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem ou partout ailleurs en Israël et en Palestine, aucun détail ne transpire. Le fait est que tout est flou et ceci n’est pas le fruit du hasard.

Impossible d’observer à moins de deux mètres

Ce n’est pas un scoop, Google Maps réserve assez souvent des surprises. En 2020 par exemple, un internaute a découvert un mystérieux rectangle lumineux en Antarctique, à quelques centaines de kilomètres des côtes. De nombreuses théories parfois assez loufoques avaient vu le jour. Dans un article publié le 17 mai 2021, la chaîne britannique BBC a expliqué pourquoi sur Google Maps, il était impossible de voir clairement les photos satellites en Israël.

N’importe qui peut faire le test. Qu’il s’agisse de Jérusalem, Gaza, la Cisjordanie où n’importe où ailleurs dans cette zone, zoomer sur l’image satellite ne livre aucun détail précis. Et pourtant dans les pays voisins, ces mêmes détails sont bien présents comme à Beyrouth (Liban), Amman (Jordanie) ou encore Damas (Syrie). Il est possible d’y distinguer les véhicules dans la rue !

Alors que ce l’on a ce qu’on pourrait qualifier d’amas de pixels du côté d’Israël et de la Palestine, Google avait affirmé dans un billet de blog en octobre 2020 que le but de l’imagerie satellite était de « régulièrement actualiser les endroits densément peuplés afin de rester à jour avec un monde changeant ». Pourtant, des villes comme Gaza, Jérusalem ou encore Tel-Aviv sont plutôt densément peuplées et correspondent donc à cette définition.

Tel Aviv Google Maps
Zoom maximum au hasard à Tel-Aviv (Israël)
Crédits : capture Google Maps
beyrouth google maps
Zoom maximum au hasard à Beyrouth (Liban)
Crédits : capture Google Maps

Une loi qui bloque tout

Mais alors, pourquoi ce flou ? La BBC explique que ceci résulte d’une loi étasunienne datant de 1997 : l’amendement Kyl-Bingaman (KBA). À cette époque, les images satellites commençaient à être de plus en plus précises, si bien qu’Israël avait témoigné son inquiétude concernant sa sécurité. L’amendement en question interdit aux entreprises étasuniennes de proposer des images plus précises que celles que les sociétés étrangères fournissent de manière commerciale. Or, les principaux services de cartographie satellite appartiennent à des sociétés étasuniennes comme Google, ou encore Microsoft et Apple. Ainsi, les images d’Israël sont aujourd’hui toujours en basse définition. La loi interdit tout bonnement la représentation à moins de deux mètres de distance, ceci expliquant donc le flou apparent lorsque l’on zoome au maximum.

Néanmoins, de nombreuses personnes critiquent régulièrement ce qui est considéré comme étant une barrière. Des archéologues et autres géographes estiment que la loi freine les recherches scientifiques dans la région. Des journalistes et autres ONG expliquent que cette même loi ne permet pas de géolocaliser les frappes israéliennes à Gaza, ou encore un suivi précis de l’installation des colonies.

Quelques améliorations sont toutefois notables, puisqu’Airbus produit aujourd’hui des images plus précises que celles de Google. En juillet 2020, des archéologues de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) avaient obtenu une faveur : l’accès à des pixels de 40 cm minimum. Évidemment, Israël avait critiqué cet allègement, en soulignant que le Hamas et le Hezbollah pourraient se servir de ces images afin de mieux ajuster leurs tirs de roquettes.