Depuis des siècles, le long cou des girafes a suscité l’intérêt et la curiosité des scientifiques et du grand public. Une nouvelle étude menée par des biologistes de l’Université Penn State apporte un éclairage inédit sur les raisons de l’évolution de ce trait emblématique.
Pourquoi les girafes ont-elles un long cou ?
Deux hypothèses principales ont été avancées : l’une suggère que les girafes ont développé un long cou pour atteindre les feuilles en hauteur et éviter la compétition avec d’autres herbivores, tandis que l’autre propose que la compétition entre les mâles, notamment lors des combats de cou, a favorisé cette caractéristique. Des découvertes récentes révèlent des éléments nouveaux et surprenants.
Dans le cadre de ces travaux, des chercheurs ont examiné de près les proportions corporelles des girafes Masaï, tant en captivité qu’à l’état sauvage. Plus précisément, l’équipe a rassemblé et analysé des milliers de photographies de girafes Masaï prises dans des zoos et des réserves ainsi que dans leur habitat naturel en Afrique. Les chercheurs ont utilisé des critères stricts pour sélectionner les images en s’assurant notamment que les girafes étaient perpendiculaires à la caméra pour des mesures précises. Ils ont ensuite comparé les proportions du cou par rapport à la hauteur totale de l’animal.
Les femelles ont un cou plus long
Les chercheurs ont alors découvert que les femelles ont un cou proportionnellement plus long que les mâles, ce qui remet en question l’hypothèse selon laquelle la compétition entre mâles serait le principal moteur de cette évolution. En effet, si tel était le cas, on s’attendrait à ce que les mâles aient des cous nettement plus longs que les femelles.
Plus précisément, les résultats ont montré que les girafes mâles et femelles ont dès la naissance des proportions corporelles similaires. Ce n’est qu’à l’approche de la maturité sexuelle, vers l’âge de trois ans, que des différences notables commencent à apparaître. Les mâles deviennent globalement plus grands, avec des pattes antérieures plus longues et un cou plus large. En revanche, les femelles développent un cou et un tronc proportionnellement plus longs.

Comment l’expliquer ?
Selon le professeur Doug Cavener, principal auteur de l’étude, les femelles girafes, souvent enceintes ou allaitantes, ont besoin d’une alimentation riche et diversifiée pour répondre à leurs besoins énergétiques. Leur long cou leur permet alors de s’enfoncer profondément dans les arbres pour atteindre des feuilles difficiles d’accès, ce qui serait un avantage crucial pour leur survie et celle de leurs petits. Cette adaptation pourrait donc être une réponse évolutive aux exigences nutritionnelles spécifiques des femelles.
Au cours de ces dernières centaines de milliers d’années, la sélection naturelle aurait donc favorisé les femelles au cou plus long. Autrement dit, celles qui avaient un cou plus long avaient plus de chances de survie et donc de transmettre leurs gènes.
Naturellement, la sélection sexuelle joue également un rôle dans l’évolution des girafes. Les mâles, en compétition pour s’accoupler avec plusieurs femelles, développent en effet des traits physiques avantageux comme des pattes antérieures plus longues qui facilitent l’accouplement. Néanmoins, les combats de cou entre mâles, bien que spectaculaires, semblent n’être qu’un facteur secondaire par rapport à la nécessité pour les femelles de se nourrir efficacement.
Les implications de cette étude sont vastes. Non seulement elle remet en question certaines idées préconçues sur l’évolution des girafes, mais elle pourrait aussi favoriser la conservation de leur habitat naturel. Les populations de girafes Masaï ont en effet drastiquement diminué au cours des trente dernières années en raison de la perte d’habitat et du braconnage. Comprendre les aspects clés de leur écologie et de leur génétique est donc essentiel pour élaborer des stratégies de conservation efficaces.