Une nouvelle étude d’envergure, publiée en 2024 dans le Journal of the American College of Cardiology, révèle que les femmes tirent davantage de bénéfices pour leur santé – et leur espérance de vie – de chaque minute d’activité physique que les hommes. Et cela, dès de faibles volumes d’exercice hebdomadaire. Ce constat, fondé sur des données issues de plus de 412 000 adultes américains, remet en question certaines idées reçues sur le sport, l’intensité de l’effort nécessaire et les différences biologiques entre les sexes face à l’activité physique.
Une étude à grande échelle et sur le long terme
Les chercheurs ont analysé les données de santé et d’activité physique recueillies entre 1997 et 2017 dans le cadre de la National Health Interview Survey (NHIS), la plus vaste enquête de santé publique aux États-Unis. Ces données ont été croisées avec celles du National Death Index, permettant de suivre les décès de causes naturelles, notamment cardiovasculaires, jusqu’à fin 2019.
Parmi les plus de 400 000 adultes étudiés, 55 % étaient des femmes, âgées de 27 à 61 ans. Au cours des vingt années de suivi, près de 40 000 décès ont été enregistrés, dont près de 12 000 liés à des maladies cardiovasculaires.
Les femmes bénéficient davantage du sport, et plus rapidement
L’un des enseignements majeurs de cette recherche est que les femmes actives, pratiquant au moins 150 minutes d’activité physique modérée à intense par semaine, voient leur risque de décès toutes causes réduit de 24 % par rapport aux femmes inactives. Chez les hommes, pour un effort équivalent, cette réduction n’est que de 15 %.
Plus frappant encore : pour atteindre le même niveau de bénéfice qu’un homme actif, une femme n’a besoin que d’environ 140 minutes d’activité hebdomadaire. Les hommes, eux, ne constatent une baisse significative de leur mortalité qu’au-delà de 300 minutes par semaine. Cela signifie que les femmes atteignent un pic de bénéfices avec deux fois moins de temps consacré à l’exercice.
Autrement dit, pour chaque minute de sport, les femmes gagnent plus de vie.
Renforcement musculaire : un avantage encore plus marqué
L’étude s’est également penchée sur les effets du renforcement musculaire, comme la musculation ou les exercices au poids du corps. Là encore, les résultats plaident en faveur d’un effet accru chez les femmes : celles qui faisaient deux séances de musculation ou plus par semaine présentaient un risque de mortalité inférieur de 19 %, contre 11 % chez les hommes.
Ces écarts sont encore plus marqués lorsqu’on se concentre uniquement sur les décès d’origine cardiovasculaire. Les femmes actives physiquement présentaient un risque réduit de 36 %, contre seulement 14 % chez les hommes. Pour les exercices de force, la baisse du risque cardiovasculaire atteignait 30 % chez les femmes, contre 11 % chez leurs homologues masculins.

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Crédits : :dusanpetkovic/istockDes hypothèses biologiques en discussion
Comment expliquer ces différences ? Les chercheurs avancent plusieurs pistes, sans pouvoir trancher définitivement.
Le rôle des hormones, en particulier les œstrogènes, pourrait jouer un effet protecteur accru chez les femmes. D’autres hypothèses évoquent des différences métaboliques, une réponse inflammatoire moins marquée ou encore une meilleure efficacité cardiorespiratoire à effort égal. Il est également possible que les hommes aient tendance à surestimer l’intensité réelle de leurs efforts dans les déclarations d’enquête.
Quoi qu’il en soit, ces écarts sont significatifs et cohérents avec d’autres études, dont une méta-analyse de 2011 publiée dans Circulation, qui avait déjà montré une association plus forte entre activité physique et réduction de la mortalité chez les femmes.
Des résultats à prendre au sérieux (mais avec nuance)
Comme toute recherche basée sur des données déclaratives, cette étude présente certaines limites. Les niveaux d’activité physique étaient autodéclarés, ce qui peut introduire un biais. L’analyse ne prenait pas en compte l’activité liée au travail ou aux tâches domestiques, ni les variations dans les habitudes de vie sur la durée.
Cependant, la taille de l’échantillon, la durée du suivi et la cohérence des résultats donnent à ces conclusions un poids considérable.
En pratique : un message de santé publique clair
Ces résultats envoient un message simple et encourageant, en particulier pour les femmes : il n’est pas nécessaire d’adopter une routine sportive intense ou chronophage pour améliorer sa santé et augmenter ses chances de vivre plus longtemps.
Même de petites doses d’exercice régulier – marche rapide, vélo, renforcement musculaire – suffisent à produire des bénéfices mesurables. Et ces bénéfices sont, en moyenne, plus importants chez les femmes que chez les hommes.
À l’heure où beaucoup peinent à trouver du temps pour s’activer, cette nouvelle pourrait bien redonner à certaines l’envie de s’y (re)mettre.