Des chercheurs ont récemment mis en évidence un processus jusqu’alors méconnu, impliqué dans le renforcement brutal de certains ouragans peu avant leur entrée sur des terres. Une situation critique qui reste mal anticipée par les modèles météorologiques actuels. Les résultats ont été publiés le 22 septembre dernier dans la revue Nature communications.
Ouragans : des sursauts d’humeur très redoutés
Un des pires scénarios qui puissent arriver lorsqu’un ouragan s’approche d’un pays est de voir le vortex subir une phase de renforcement rapide peu avant de toucher terre. Toutefois, bien qu’une majorité d’entre eux s’affaiblisse, ce type d’évolution n’est malheureusement pas aussi rare qu’on pourrait le penser. Or, malgré les nombreux progrès accomplis dans la prévision des cyclones, il demeure encore difficile d’anticiper de tels sursauts énergétiques. Aussi, les conséquences sur les communautés exposées peuvent s’avérer particulièrement difficiles.
Cependant, de récents travaux ont pu mettre à jour un des éléments impliqués dans ces phases d’intensification critiques. Il s’agit de la présence ou non d’une vague de chaleur océanique sur la trajectoire empruntée par le cyclone. « Nous avons analysé les facteurs qui ont conduit à l’ouragan Michael en 2018 et constaté que la tempête avait été précédée d’une vague de chaleur marine, une zone d’eaux océaniques côtières qui était devenue anormalement chaude » précise Séverine Fournier, co-auteure de l’étude.
L’effet combiné de divers processus météorologiques
Le choix de l’ouragan Michael (2018) n’est pas anodin puisqu’il s’agit du plus intense à avoir frappé la région de Florida Panhandle. Ceci, après être passé de la catégorie 2 à 5 seulement quelques heures avant son entrée dans les terres. Les scientifiques relient ce comportement destructeur à deux phénomènes. L’influence de la tempête tropicale Gordon qui, un mois auparavant, a amené un mélange océanique responsable d’un réchauffement en sub-surface. Puis, l’arrivée de conditions très anticycloniques qui ont permis à l’eau de surface de se réchauffer également.
« Dans cette situation, la colonne d’eau était essentiellement composée d’eau chaude » explique la scientifique. « Ainsi, lorsque la deuxième tempête – l’ouragan Michael – est arrivée, l’eau qu’elle a brassée était chaude en surface comme en profondeur. Les ouragans se nourrissent de la chaleur de l’océan, donc cette séquence d’événements météorologiques a créé des conditions qui étaient idéales pour leur intensification ».
Et il ne s’agit pas d’un cas isolé. La présence d’eaux côtières anormalement chaudes sur une certaine profondeur présagerait fréquemment du type de renforcement évoqué plus haut. En somme, le terrain est conditionné. Or, avec le réchauffement climatique, le risque de voir des vagues de chaleur océaniques va en grandissant. Ainsi, il est probable que la virulence des cyclones tropicaux au moment de toucher terre en fasse de même. Néanmoins, il reste encore d’autres facteurs à explorer comme le rappelle d’ailleurs la présente étude. Dans tous les cas, le phénomène mis en exergue sera à considérer avec beaucoup d’attention à l’avenir.