Ah, les retardataires… Vous les connaissez, ces personnes qui semblent vivre dans un autre fuseau horaire et dont l’arrivée est souvent plus attendue que le Père Noël en décembre. Que ce soit pour un rendez-vous, une réunion ou une fête, ces individus ont le don de se faire désirer. Que se passe-t-il donc dans la tête de ces personnes continuellement en retard ? Vivent-elles dans un monde parallèle où les horloges tournent à l’envers ? Non. Cependant, plusieurs études ont exploré ce phénomène et ont identifié quelques explications possibles.
Une perception du temps différente
Certaines personnes ont une perception différente du temps, ce qui les amène à sous-estimer la durée des tâches ou le temps nécessaire pour se préparer. Ce biais cognitif, appelé « optimisme temporel », pourrait être lié à l’hippocampe. Selon une recherche publiée dans la revue Nature Reviews Neuroscience, les neurones de cette région cérébrale agissent en effet comme des « cellules temporelles » qui contribuent à notre perception et à notre mémoire des événements. Cependant, les raisons pour lesquelles on sous-estime perpétuellement le temps ne sont pas claires.
Un facteur pourrait être notre degré de familiarité avec un espace. Dans le cadre d’une étude publiée en 2017, un chercheur avait demandé à une vingtaine de ses étudiants qui venaient d’emménager à Londres de dessiner une carte de leur quartier universitaire et d’estimer les temps de trajet vers différentes destinations. Il en était ressorti que plus ils étaient familiarisés avec tel ou tel lieu, plus le temps nécessaire pour s’y rendre augmentait.
Une autre étude publiée dans la revue Memory & Cognition suggère que nous estimons certaines périodes de temps en fonction du temps que nous pensons que ces tâches nous ont pris dans le passé. Cependant, nos souvenirs et nos perceptions ne sont pas toujours exacts. Autrement dit, plus nous avons d’expérience dans l’exécution de telle ou telle tâche, plus nous sous-estimons le temps qu’il nous faut pour les accomplir.
Ce n’est pas tout. Une étude publiée en 2016 suggère que des facteurs environnementaux, tels que la musique, peuvent aussi déformer notre sens du temps. Plus précisément, l’étude a montré que certains individus estimaient à tort la durée de certaines tâches en fonction du nombre de chansons qu’ils entendaient jouer en arrière-plan. Par exemple, les jeunes adultes avaient tendance à gonfler leurs estimations de temps s’ils entendaient quatre chansons courtes par rapport à deux chansons plus longues. À l’inverse, cela ne semblait pas influencer la perception du temps des adultes plus âgés.
Un lien avec la procrastination et la personnalité
La procrastination est un autre facteur. Les personnes qui remettent les choses à plus tard ont en effet tendance également à commencer leurs tâches en retard, comme le simple fait de se présenter à un rendez-vous. « La procrastination est généralement enracinée dans une relation émotionnelle difficile à la tâche« , détaille à Livescience Fuschia Sirois, une professeure de psychologie à l’Université de Durham, en Angleterre.
Certains traits de personnalité, comme la désinvolture ou l’absence de respect pour le temps des autres, peuvent aussi jouer un rôle dans les retards constants. Ceux qui négligent l’importance du temps des autres ou qui sont indifférents à leurs responsabilités peuvent en effet être moins susceptibles de faire des efforts pour être ponctuels.
Les personnes désorganisées ont quant à elles souvent du mal à planifier et à respecter un emploi du temps, ce qui peut les rendre plus susceptibles d’être en retard. Certains, facilement distraits, peuvent par ailleurs perdre la notion du temps en se concentrant sur des tâches non prioritaires ou des activités non liées à leur engagement, ce qui peut les amener, là encore à être en retard.
Enfin, certaines études suggèrent que les gens qui sont souvent en retard peuvent être à la recherche de sensations fortes. Ils trouvent ainsi une certaine excitation dans le stress lié au retard. Ces individus pourraient alors sous-estimer volontairement le temps pour être stimulés.