L’hypnose est une pratique intrigante, mais qui ne fonctionne pas sur tout le monde. Elle a récemment fait l’objet d’une étude visant à comprendre les différences cérébrales entre les individus facilement hypnotisables et ceux plus résistants à cette technique. Voici ce que nous avons appris.
Une pratique encore mystérieuse
L’hypnose est une pratique aux origines anciennes qui remontent à l’Antiquité. Elle consiste à provoquer un état modifié de conscience dans lequel la personne est plus réceptive aux suggestions. Au fil de l’histoire, des techniques ont été utilisées à diverses fins, de la guérison spirituelle à l’analgésie médicale.
L’hypnose moderne, telle que nous la connaissons aujourd’hui, prend ses racines au 18e siècle avec Franz Mesmer, un médecin allemand. Ce dernier avait développé une théorie (le « magnétisme animal ») sur laquelle il s’était appuyé pour traiter divers troubles médicaux. Elle reposait sur l’idée que des forces magnétiques invisibles régissaient la santé des individus. Il prétendait alors être capable de manipuler ces forces pour induire des états modifiés de conscience et traiter des affections.
Bien que ses méthodes aient été controversées et critiquées par la communauté médicale de l’époque, l’impact de Mesmer sur le développement de l’hypnose moderne ne peut être ignoré. Ses idées ont en effet été reprises et développées par d’autres figures notables, comme James Braid au 19e siècle. C’est d’ailleurs lui qui introduisit le terme « hypnose » pour décrire cet état modifié de conscience. Au fil du temps, la technique a évolué pour une utilisation à des fins cliniques, médicales et même de divertissement.
Toutefois, l’hypnose reste encore aujourd’hui un sujet de débat scientifique en ce qui concerne son mécanisme exact et son efficacité dans divers contextes. L’une des questions qui subsistent est notamment celle de savoir pourquoi certaines personnes y paraissent plus sensibles.
Une étude sur quarante individus
Pour tenter de répondre à cette interrogation, des chercheurs ont récemment enregistré l’activité cérébrale d’un groupe de volontaires tout en tentant de les hypnotiser, ce qui a révélé des différences clés entre les cerveaux des sujets les plus et les moins sensibles.
L’étude en question a été conduite avec la participation de 75 personnes. Chacun de ces participants a été soumis à une évaluation spécifique visant à déterminer sa sensibilité à l’hypnose. Cette phase préliminaire a permis aux chercheurs d’isoler quarante individus présentant des scores extrêmement élevés ou inhabituellement faibles, indiquant ainsi leur propension respective à être très réceptifs ou résistants à l’hypnose.
Cette approche de présélection a ainsi jeté les bases de l’analyse approfondie de l’activité cérébrale chez ces participants afin de mieux comprendre les mécanismes cérébraux associés à la susceptibilité hypnotique. Les chercheurs ont ensuite utilisé l’électroencéphalographie (EEG) pour enregistrer l’activité neuronale des quarante volontaires sélectionnés. Cette démarche a été réalisée avant et après une « induction hypnotique » effectuée par l’un des chercheurs qui a lu un script suggestif.
Que disent les résultats ?
En analysant les données EEG pré et post-induction, et en examinant diverses caractéristiques neurophysiologiques, les chercheurs ont alors pu identifier plusieurs aspects distinctifs entre les individus très réceptifs et ceux résistants à l’hypnose. Cette approche a mis en lumière la complexité des phénomènes hypnotiques et a souligné que la susceptibilité à l’hypnose se manifeste à différents niveaux pendant les phases pré- et post-induction. « Au lieu d’identifier un modèle neuronal singulier, nos résultats corroborent la compréhension selon laquelle les expériences hypnotiques possèdent une fondation neuronale à plusieurs niveaux« , ont déclaré les chercheurs.
Cependant, parmi les nombreux facteurs qui distinguent les individus hautement réceptifs de ceux qui le sont moins, un aspect de l’activité cérébrale s’est avéré être un indicateur clair de la susceptibilité à l’hypnose. En effet, les variations dans l’exposant apériodique de l’activité neuronale avant l’induction hypnotique ont montré une corrélation avec la propension d’une personne à être influencée. Plus précisément, lorsque l’on examine les lectures EEG, on constate qu’elles sont composées de deux composants, à savoir les exposants périodiques et apériodiques. Les signaux périodiques sont caractérisés par des oscillations, indiquant une répétition à intervalles réguliers. Ces oscillations neuronales émergent d’un fond de signaux apériodiques qui ne suivent pas de schéma de répétition.
Il est probable que les variations dans ces signaux apériodiques fondamentaux influencent des aspects tels que « l’absorption mentale, les sentiments de relaxation et la préparation à la réponse hypnotique » d’une personne. Selon les chercheurs, ces caractéristiques sont généralement plus prononcées chez les individus facilement suggestibles, ce qui pourrait influer sur la propension d’une personne à être réceptive à l’hypnose.
Un trait psychologique inné
Cette étude révèle également une découverte significative : les modèles qui influent sur la susceptibilité à l’hypnose sont observés avant l’induction hypnotique plutôt qu’après. Les auteurs soulignent que la sensibilité à la suggestion hypnotique semble découler d’une prédisposition liée à des caractéristiques neuronales indépendantes du processus hypnotique lui-même. Ainsi, cette découverte appuie l’idée que la susceptibilité à l’hypnose est un trait psychologique inné, prédisposant certains individus à réagir de manière plus réceptive aux suggestions.
Les détails de l’étude sont publiés sur le site de préimpression bioRxiv et n’ont pas encore été soumis à l’évaluation par des pairs.