Pourquoi avons-nous perdu notre fourrure ?

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Ron Harper et Roddy McDowall, dans la Planète des singes. Crédits : Wikipédia.

Il y a des millions d’années, nos ancêtres étaient aussi poilus que les chimpanzés. Au cours de l’évolution, notre lignée a échangé sa fourrure contre une couverture de poils beaucoup moins épaisse, mis à part des concentrations plus élevées au niveau de la tête, des aisselles et de la région pubienne. Comment l’expliquer ?

Plusieurs hypothèses ont été avancées au cours de l’histoire. Darwin, par exemple, suggérait que cette perte de poils était due à la sélection sexuelle. Nos ancêtres, préférant des partenaires moins poilus, auraient alors mené la sélection naturelle à supprimer notre fourrure dans le but de maximiser les chances de reproduction. Certains ont également avancé que nous aurions perdu notre fourrure épaisse pour dissuader les parasites, comme les poux. Possible. Mais la raison qui prévaut en revanche aujourd’hui, ce sont les soucis de thermorégulation.

Mieux transpirer

Avec l’apparition des plaines et des savanes particulièrement sèches, autrefois tapissées de forêts denses et humides, nos ancêtres, qui commençaient à expérimenter la bipédie, se sont retrouvés particulièrement exposés à la chaleur. Difficile alors de partir en chasse, sous le soleil africain, avec un manteau de fourrure. Les risques de surchauffe auraient été trop importants. En réduisant notre pilosité, et en favorisant le développement de glandes sudoripares, nos corps ont alors été en mesure de se « refroidir » plus rapidement par évaporation de la transpiration.

C’est ce que la nature a décrété. Et cette dernière étant pragmatique, nous avons troqué notre fourrure pour un corps nu (d’apparence puisque les chimpanzés et les humains ont à peu près la même densité de follicules pileux) dans le but de maximiser nos chances survie. Un petit peu moins épais au départ, puis de moins en moins. Au fil des générations, nous avons alors complètement changé d’apparence. Là où les humains ont fait la différence, c’est dans la densité de glandes sudoripares réparties dans tout le corps, environ 10 fois supérieure à celle des chimpanzés. Ce sont donc ces glandes qui permettent à Homo sapiens de transpirer autant, régulant ainsi sa température corporelle avec une redoutable efficacité.

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Au fil de l’évolution, nous avons troqué notre fourrure contre un corps d’apparence nu. Crédits : Pixabay.

S’adapter aux nouvelles savanes

Quant à savoir quand ces changements génétiques se sont produits, la fourchette est assez large. Si l’on part du principe que cette évolution s’est déroulée après notre dernier ancêtre commun avec les chimpanzés – mais avant l’apparition d’Homo sapiens – ces changements pourraient donc être apparus il y a entre neuf millions et 300 000 ans.

Nous pourrions éventuellement raccourcir ce laps de temps à il y a entre sept et quatre millions d’années. Nous avons en effet probablement commencé à évoluer sur nos deux jambes à cette époque. Encore vulnérables face aux prédateurs potentiels durant cette période, nos ancêtres auraient alors privilégié les déplacements durant les heures les plus chaudes de la journée, pendant que les animaux les plus féroces privilégiaient les zones d’ombre. Le fait de devoir être actif quand il faisait chaud a peut-être favorisé notre métamorphose.

Si tel est le cas, ceci pourrait expliquer pourquoi, il y a environ deux millions d’années, nous sommes devenus de redoutables prédateurs. Armés de lances, nos ancêtres sont en effet devenus des chasseurs, traquant les proies pendant les longues heures d’ensoleillement. Capable de réguler notre température efficacement, contrairement aux animaux, notre avantage était alors indéniable.

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