Pour aller sur Mars, peut-être devrions-nous passer par Vénus ?

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Crédits : NASA / John Frassanito and Associates

Les futurs équipages visant la planète Mars devront peut-être passer par Vénus, selon une équipe de chercheurs. Faire une halte par l’ancienne jumelle de la Terre présenterait en effet plusieurs avantages non négligeables.

Alors que des astronautes américains s’apprêtent à remarcher sur la Lune, dans le cadre des missions Artemis, rappelons que plusieurs agences publiques et autres sociétés privés visent également une autre cible : Mars. C’est notamment le cas de la NASA, qui prévoit une première mission en équipage dans les années 2030. Ou encore de SpaceX, qui table sur un objectif encore plus ambitieux.

Si de nombreux défis techniques et sanitaires doivent encore être relevés avant d’espérer l’envoi, en toute sécurité, d’une première équipe d’astronautes sur Mars, certains se penchent sur la logistique.

C’est notamment le cas de Noam Izenberg, géologue planétaire à l’Université Johns Hopkins (États-Unis), qui préconise que nous passions d’abord par Vénus, avant de viser la planète rouge. Ce dernier vient de co-signer un livre blanc sur le sujet, qui doit être prochainement soumis pour examen par des pairs à Acta Astronautica.

Pourquoi s’appuyer sur Vénus ?

Pour se déplacer entre la Terre et Mars, deux options sont possibles. La première – la plus simple – est une mission dite de conjonction. Celle-ci consiste à envoyer un vaisseau vers Mars lorsque les deux planètes s’alignent sur leurs orbites. En l’occurence, selon la mécanique céleste, une telle fenêtre ne s’ouvre que tous les 26 mois.

La deuxième option est une mission dite d’opposition. Elle implique de s’appuyer sur l’attraction gravitationnelle d’une autre planète – Vénus – pour changer de cap et gagner en vitesse. En théorie, une mission d’opposition peut être lancée tous les 19 mois (et non plus tous les 26 mois).

L’utilisation de Vénus pour une telle assistance prolongerait inévitablement le voyage vers Mars, mais réduirait aussi considérablement la quantité d’énergie nécessaire à ce « road trip céleste ». Autrement dit, dans le cadre d’un voyage en équipage, cette option permettrait de réduire les coûts, de gagner de la place et, in fine, d’embarquer plus de monde et de charges utiles.

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Le diagramme ci-dessus schématise les deux types de missions. À gauche, la mission d’opposition. À droite, la mission de conjonction. Dans chaque tableau, la ligne rouge représente le voyage aller, et la ligne bleue le voyage retour. Crédits : Izenberg, and. Al./(JHUAPL)

« Simplifier la logistique »

S’appuyer sur Vénus pour aller sur la planète rouge présente également d’autres avantages. Les missions d’opposition autoriseraient en effet des séjours martiens plus courts. Et donc la possibilité de revenir plus vite vers la Terre. De plus, en cas de problème, un tel détour laisserait la possibilité de changer rapidement de cap et, là encore, de revenir plus rapidement sur notre planète.

Concrètement, passer par Vénus pour aller sur Mars permettrait de « simplifier grandement la logistique d’un tel voyage, en particulier du point de vue de la santé de l’équipage », résume à Space.com Kirby Runyon, géomorphologue planétaire à l’Université Johns Hopkins, qui co-signe ce rapport.

Par ailleurs, le fait de passer par l’ancienne jumelle de la Terre permettrait également aux astronautes de récolter de précieuses données. Des sondes envoyées sur place ont déjà permis de recueillir de nombreuses données sur la planète, mais le fait d’y envoyer des humains serait un véritable avantage. Pour ce faire, des astronautes équipés de casques de réalité virtuelle et de joysticks pourraient être en mesure de « contrôler des rovers à la surface ou des planeurs dans l’atmosphère en temps réel », selon Runyon.