Selon des projections, la population mondiale devrait commencer à décliner au cours des 45 prochaines années. Une première dans l’histoire moderne, qui devrait bouleverser l’équilibre des forces géopolitiques.
Nous étions environ 500 000 il y a 100 000 ans, environ 200 millions en l’an 400, et un peu plus d’un milliard il y a 200 ans. Aujourd’hui, nous sommes plus de 7,8 milliards de personnes sur Terre. Depuis toujours ou presque, la tendance est donc à la hausse, mais pour combien de temps encore ? Des chercheurs de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), de l’Université de Washington (États-Unis), se sont penchés sur la question.
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs se sont appuyés sur les données du Global Burden of Disease Study de 2017 pour examiner comment les taux de mortalité, de fertilité ou de migration affecteront la population mondiale au cours des 80 prochaines années. Les risques de guerres ou de catastrophes naturelles liées au changement climatique et pouvant affecter le nombre de décès dans différentes parties de la planète ont également été pris en considération.
Déclin de la population
Ces projections, publiées dans la revue The Lancet, suggèrent que la population mondiale va continuer d’augmenter au cours des prochaines décennies et culminer en 2064. À cet instant, nous serons alors plus de 9,7 milliards de personnes sur Terre.
La population mondiale devrait ensuite commencer à décliner, pour finalement tomber à 8,8 milliards en 2100.
Évidemment, cette tendance ne sera pas uniforme. Selon l’étude, jusqu’à 23 pays pourraient voir leur population diminuer de plus de 50%. Parmi eux le Japon, la Thaïlande, l’Italie, l’Espagne, ou encore la Corée du Sud, et même la Chine. L’Empire du Milieu, connu pour son incroyable croissance démographique, devrait en effet passer de 1,4 milliard d’habitants en 2017 à 732 millions en 2100.
À l’inverse, d’autres nations enregistreront une tendance à la hausse. Les pays d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Afrique subsaharienne, notamment, devraient tripler leur population au cours de ce siècle, passant de 1,03 milliard en 2017 à 3,07 milliards en 2100.
Plusieurs raisons expliqueront ce déclin de la population globale. Les chercheurs citent notamment la baisse du taux de natalité entraînée par une baisse soutenue de la fécondité. Ou encore l’augmentation du niveau de scolarité des femmes et l’accès à la contraception.

Un nouveau monde
Naturellement, ces bouleversements démographiques vont également rabattre les cartes géopolitiques.
« Le 21ème siècle verra une révolution dans l’histoire de notre civilisation humaine », a déclaré Richard Horton, rédacteur en chef de The Lancet. « L’Afrique et le monde arabe façonneront notre avenir, tandis que l’Europe et l’Asie seront moins influentes. D’ici la fin du siècle, le monde sera multipolaire, avec des puissances dominantes telles que l’Inde, le Nigeria, la Chine et les États-Unis ».
Et d’ajouter : « ce sera vraiment un nouveau monde. Un monde auquel nous devons nous préparer dès aujourd’hui ».
Ces travaux soutiennent également que les mouvements migratoires auront un rôle important à jouer au cours de ces prochaines décennies. De nombreux pays devront en effet opter pour des politiques plus libérales dans le but de maintenir la taille de leur population et soutenir la croissance économique.
« En fin de compte, si [les nouvelles] prévisions sont même à moitié exactes, la migration deviendra une nécessité pour toutes les nations et non une option, écrit en commentaire Ibrahim Abubakar, de l’University College London (UCL). La répartition des populations en âge de travailler sera cruciale pour savoir si l’humanité prospère, ou se flétrit ».