En l’an 79, l’éruption du Vésuve étendit son emprise sur la ville de Pompéi, figeant ses habitations et ses victimes pour la postérité dans ses cendres volcaniques sédimentées. Et si ce lieu antique, qui figure au patrimoine mondial de l’UNESCO et qui s’impose comme le deuxième site touristique le plus visité en Italie après le Colisée (Rome), est aujourd’hui un témoin de cette catastrophe violente qui a fait 3 000 morts, il permet également de faire des fouilles archéologiques passionnantes. Ce jeudi 11 avril, le site a notamment annoncé la découverte d’une salle de banquet luxueuse aux fresques incroyablement bien préservées.
Une salle de banquet découverte à Pompéi
Avec sa superficie totale d’environ 22 hectares, dont un tiers encore enterré sous les cendres, ce site proche de Naples réserve encore de belles surprises aux passionnés d’histoire, d’archéologie et de mythologie. Jusqu’à aujourd’hui, en plus des espaces publics et sacrés, plus de 13 000 pièces dans 1070 unités résidentielles ont été mises au jour, dont les récents travaux d’excavation dans l’insula 10 de la Regio IX qui ont permis de découvrir un aspect sombre du passé de la ville avec une boulangerie-prison où des esclaves et des ânes passaient des heures à accomplir un dur labeur.
Le jeudi 11 avril, les archéologues du site ont toutefois cette fois annoncé une découverte plus joyeuse. En effet, ils ont excavé ce qui semble être une grande salle de banquet de quinze mètres de long sur six mètres de large appartenant à une habitation luxueuse. Ce lieu de réception étonne surtout par ses grands murs noirs élégants, un choix intrigant que l’on peut expliquer par des motivations purement pratiques, cette teinte permettant en effet d’éviter que l’on puisse apercevoir les traces de fumée des lanternes.

En ce lieu, « on se réunissait pour des banquets après le coucher du soleil, la lumière tremblante des lanternes donnait l’impression que les images peintes s’animaient, surtout après quelques verres de bon vin« , explique non sans une pointe de poésie Gabriel Zuchtriegel, le directeur Italo-Allemand de Pompéi.
Des fresques étonnamment bien préservées inspirées par la guerre de Troie
Sur les murs, les décorations raffinées préservées par le temps et les cendres ressortent particulièrement bien. Des mosaïques se mêlent aux sujets mythologiques, rappelant par le même temps l’importance de la culture et de la beauté dans cette cité qui brillait par son mode de vie luxueux. Ici, la guerre de Troie tient notamment une place de choix dans les peintures. L’une d’elles représente notamment la première rencontre d’Hélène, la femme du roi de Sparte Ménélas, et de Pâris, le prince troyen qui décida de l’enlever, déclenchant par le même temps cette guerre mythique.
Sur un autre pan de mur, l’on peut également découvrir Cassandre, la sœur de Pâris, et le dieu Apollon en train de lui faire la cour. Selon la légende, il lui octroya le don de prédire l’avenir pour gagner ses faveurs, mais ses compatriotes tout comme ses proches n’écoutèrent pas ses prédictions, allant ainsi à leur perte en ne croyant pas que le cheval offert par les Grecs était un subterfuge qui ferait tomber Troie.

Ici, ces fresques ne sont pas simplement des représentations de divinités, de couples de héros clés de la guerre de Troie et du thème de l’héroïsme, mais aussi une invitation à réfléchir sur la notion de destin et comment l’homme pourrait agir pour le changer. Comme l’explique ainsi la direction du site archéologique : « la présence fréquente de figures mythologiques dans les espaces de réception des maisons romaines avait pour fonction sociale de divertir les invités et convives, en leur fournissant des sujets de conversation et de réflexion sur l’existence ».
En tout cas, ces fouilles laissent entrevoir encore d’incroyables trouvailles d’une grande valeur historique à découvrir sur le site. Et comme s’en réjouit Gennaro Sangiuliano, le ministre de la Culture italien, Pompéi « ne finit jamais de nous surprendre parce que chaque fois que nous creusons, nous trouvons quelque chose de beau et de significatif« .