Une équipe d’archéologues annonce la découverte d’un cimetière d’enfants datant du XVIe siècle en Pologne. Certains d’entre eux avaient également des pièces de monnaie dans la bouche. Le témoignage, peut-on lire, d’une ancienne tradition.
Plusieurs dizaines de squelettes ont récemment été mis au jour près du village de Jeżowe dans le sud-est de la Pologne. Tous ont été retrouvés dans une zone boisée en cours de défrichement en raison de la construction de l’autoroute S19 (projet routier Via Carpathia) qui vise à établir un couloir nord-sud reliant la Grèce à la Lituanie.
Parmi les 115 squelettes retrouvés à ce jour, une grande majorité appartient à des enfants (environ 80%). Tous les corps ont été soigneusement enterrés dans un sol sablonneux et orientés le long d’un axe est-ouest. Ils étaient également couchés sur le dos, les mains positionnées sur les côtés.
Un ancien rituel
Plus surprenant encore, certains squelettes avaient des pièces de monnaie (oboles) insérées dans leur bouche. « C’est certainement un signe de leurs croyances », rapporte à The First News l’archéologue Katarzyna Oleszek, en charge des fouilles.
Selon un ancien rite funéraire grec, ces oboles représentaient un paiement (une sorte de pot-de-vin) à Charon, le passeur chargé de délivrer les âmes du monde des vivants pour les conduire au royaume des morts. Ceux qui ne pouvaient pas payer étaient condamnés à errer sur les berges du Styx durant cent ans.
Selon l’archéologue, cette ancienne tradition se serait même perpétuée jusqu’au XIXe siècle, encore pratiquée à l’époque par le pape Pie IX.

« Une communauté très pauvre »
Pour l’heure, aucun de ces squelettes n’a été analysé. En revanche, nous savons que la plupart de ces pièces de monnaie ont été frappées sous le règne de Sigismond III Vasa, un roi polonais qui a régné de 1587 à 1632. Certaines ont également été frappées sous le règne de Jean II Casimir Vasa qui a régné de 1648 à 1668.
Notons qu’il ne s’agit pas ici d’un charnier, mais bien d’un cimetière d’église catholique parfaitement ordonné. « Les habitants savaient exactement où se trouvaient leurs tombes et s’en sont occupés, souligne ainsi l’archéologue. Mis à part les pièces de monnaie, aucun autre élément n’a été trouvé dans les tombes. Il s’agissait ainsi probablement d’une communauté très pauvre« .

Rappelons que les légendes locales, appuyées par quelques récits historiques datant de 1604, évoquaient déjà la présence d’un cimetière pour enfants dans cette zone connue sous le nom de Kościelne, qui se traduit par « les montagnes de l’Église ».
Le chercheur convient toutefois qu’il est possible que la zone défrichée corresponde en réalité à la partie du cimetière où seuls des enfants ont été enterrés. Sur ce principe, nous pourrions donc imaginer que des membres adultes de cette communauté aient été enterrés dans une partie encore inexplorée de l’ancienne nécropole.
Nous en saurons quoiqu’il arrive davantage sur cette ancienne communauté au cours des mois à venir, une fois que certains de ces squelettes seront analysés.