La pollution chimique a franchi cinq des neuf « limites planétaires »

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Crédits : Pikist

Selon une étude suédoise récente, la pollution chimique a dépassé certaines limites pour une planète vivable. Or, la production de ces mêmes produits chimiques devrait encore tripler durant les trois prochaines décennies.

Un constat sans appel

Saviez-vous que l’humanité produisait pas moins de 350 000 types de produits chimiques différents ? Pour une partie d’entre eux , il ne s’agit pas de produits dangereux, mais dans leur ensemble, c’est effectivement le cas. Des chercheurs du Stockholm Resilience Centre (Suède) ont publié une étude dans la revue Environmental Science and Technology le 18 janvier 2022. Malheureusement, les conclusions sont loin d’être optimistes. Selon ces travaux, la production de produits chimiques a été multipliée par cinquante depuis 1950. Pire encore, cette même production devrait tripler d’ici 2050. Or, les volumes de ces produits se retrouvant dans l’environnement, dont les plastiques, ont dépassé une nouvelle limite de sécurité. Aujourd’hui, cette menace pèse sur l’équilibre naturel que connaît notre planète depuis 10 000 ans.

D’autres chiffres sont très préoccupants. Par exemple, la masse totale de plastiques sur la planète représente plus du double de celle de tous les mammifères vivants. Pour les seuls plastiques, 80 % de la production finit sa course dans l’environnement. Or, ces déchets plastiques peuvent contenir environ 10 000 composants qui s’éparpillent un peu partout sur terre et de plus en plus souvent dans des lieux très isolés des humains. Citons par exemple le mont Everest, l’Arctique lointain, le désert de Gobi ou encore la fosse des Mariannes.

Cinq limites sur neuf

D’autres produits comme les pesticides sont également difficiles à gérer. Il faut savoir que 17 000 de ces substances se trouvent actuellement sur le marché. Surtout, une partie d’entre eux est  commercialisée sans avoir préalablement fait l’objet d’examens approfondis. Malheureusement, si la plupart de ces produits éliminent bien leur cible, elles terrassent également au passage de nombreuses espèces vivantes qui ont toutes un rôle à jouer au sein de leur propre écosystème. Et évidemment, ces pesticides se retrouvent jusque dans l’eau potable, ce qui représente aussi un risque pour les humains.

En 2009, Johan Rockström et son équipe de l’Institut pour la recherche sur l’impact climatique de Potsdam (Allemagne) ont imaginé l’approche des neuf limites planétaires. Le schéma ci-après montre que cinq de ces limites ont déjà été dépassées dont le changement climatique, la perte de biodiversité, le changement d’utilisation des sols et les flux biogéochimiques. Une cinquième limite est tombée dernièrement : la pollution chimique. Par ailleurs, l’acidification des océans pourrait devenir la prochaine limite franchie.

schéma neuf limites planétaires
Crédits : Stockholm Resilience Centre

Les chercheurs du Stockholm Resilience Centre pensent qu’il est encore possible de revenir en arrière sur cette cinquième limite. En revanche, cela nécessite de travailler à la mise en place d’un plafond fixe concernant la production et le rejet de produits chimiques. Cette solution devrait idéalement s’accompagner d’une autre mesure visant à instaurer une véritable économie circulaire.