Une étude montre que la pollution atmosphérique représente un véritable problème pour la reproduction de certains insectes tels que les drosophiles. Cela provoque en effet une confusion sexuelle chez les femelles pour qui les mâles n’ont plus de « sex-appeal ».
Une dégradation des capacités olfactives
Dernièrement, une étude britannique démontrait que la pollution de l’air en milieu rural et urbain semblait réduire l’action de pollinisation par les insectes, notamment les abeilles, les papillons de nuit, les syrphes et les papillons. De nouvelles recherches publiées dans la revue Nature Communications le 14 mars 2023 et menées par le Max Planck Institute for Chemical Ecology (Allemagne) souligne quant à elle un autre problème : la pollution atmosphérique affecterait également la reproduction de certains insectes tels que les mouches de type drosophiles (ou mouches à fruit).
Selon les chercheurs, cela est dû à l’ozone (un des polluants les plus présents dans l’air). En effet, même dans le cas d’une dose assez faible, l’ozone dégrade les capacités olfactives des insectes. Le phénomène touche particulièrement les phéromones, ces substances chimiques à l’origine des réactions sociales et sexuelles chez les individus de la même espèce.
Les chercheurs disent avoir mené des expériences intégrant des niveaux d’ozone habituels dans certaines grandes villes. Cela a permis de comprendre que les mâles perdent du « sex-appeal » aux yeux des femelles. Certains mâles poursuivent même d’autres mâles avec évidemment aucune chance de succès en termes de reproduction.

Un facteur jusqu’ici inconnu
Malheureusement, la perturbation de la communication sexuelle par les phéromones concernait neuf des dix espèces de drosophiles incluses dans l’étude. Or, les scientifiques pensent que l’effet oxydant de la pollution atmosphérique sur les chaînes carbonées des phéromones durant plusieurs jours pourrait impacter d’autres types d’insectes dont la reproduction repose également sur les phéromones. Il s’agit ici d’un facteur nouveau qui pourrait aussi contribuer à accentuer le déclin de la moitié des espèces d’insectes à l’œuvre depuis plusieurs décennies.
Rappelons qu’avant la révolution industrielle, les niveaux d’ozones naturels dans l’air atteignaient en moyenne 40 parties par milliard (ppb). Aujourd’hui, certaines villes et zones industrielles affichent des taux dépassant souvent les 200 ppb. Or, l’étude a identifié des perturbations significatives de la communication sexuelle des insectes à des niveaux se situant autour de 100 ppb.
Enfin, outre l’ozone, d’autres polluants pourraient exercer une influence sur les insectes. Citons par exemple les monoxydes d’azote, dont l’oxydation est encore plus rapide.