La polio est officiellement éradiquée du continent africain, selon l’OMS

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Crédits : Andrew W. McGalliard/Wikipédia

Le poliovirus sauvage (PVS), l’agent pathogène responsable de la poliomyélite, a officiellement été « éradiqué » du continent africain, selon l’OMS. Malgré de nombreux obstacles, des années d’efforts de vaccination ont finalement porté leurs fruits.

C’est officiel : tous les pays du continent africain ont éradiqué le poliovirus sauvage (PVS). La Commission régionale de certification pour l’Afrique (ARCC) a fait l’annonce ce mardi lors d’un événement tenu par l’OMS. Le dernier cas a été enregistré en 2016 dans l’État de Borno, au nord-est du Nigeria.

«Aujourd’hui, les membres de la commission de certification pour la région Afrique [l’ARCC, un organisme de certification de l’OMS] déclarent que la transmission du poliovirus sauvage a été interrompue en Afrique», a affirmé sa présidente, la docteure Rose Leke. «Grâce aux efforts déployés par les gouvernements, le personnel soignant et les communautés, plus de 1,8 million d’enfants ont été sauvés» de cette maladie, s’est de son côté réjouit l’OMS dans un communiqué.

Le poliovirus sauvage, l’une des trois souches responsable de la poliomyélite, est un virus extrêmement infectieux qui s’attaque aux cellules nerveuses de la moelle épinière. Il entraîne alors parfois une paralysie partielle ou complète, notamment chez les plus jeunes. Certains, dont les muscles qui soutiennent la respiration restent figés, peuvent également en mourir.

L’agent pathogène est extrêmement contagieux, capable de se propager lorsque des aliments de l’eau ou des objets contaminés par les matières fécales d’un sujet infecté sont portés à la bouche. Moins fréquemment, le virus peut se propager lorsqu’une personne infectée éternue ou tousse.

Bien qu’il n’y ait pas de traitement spécifique pour la polio, un cycle complet de vaccinations contre la polio est efficace à plus de 99% pour prévenir l’infection.

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Crédits : Flickr / Pan American Health Organization PAHO

Menaces physiques et communautés réfractaires

Pour « éteindre » le poliovirus sauvage au Nigeria, des gouvernements nationaux et autres dirigeants locaux intégrant la Global Polio Eradication Initiative ont coordonné une campagne de vaccination des enfants dans l’État de Borno, dans le nord-est du pays.

Les intervenants ont dû faire face à différentes menaces portées par l’insurrection de Boko Haram, présente dans la région. Pour protéger les travailleurs de santé, des militaires et une milice approuvée par le gouvernement ont joué les escortes, explique à Reuters le docteur Tunji Funsho, un coordinateur nigérian de la lutte contre la polio pour le Rotary International.

Le bilan reste lourd, malgré tout. «Une vingtaine d’employés médicaux ou de bénévoles ont été tués dans la région pour cette cause au cours de ces dernières années», souligne en effet le docteur Musa Idowu Audu, coordinateur de l’OMS pour l’État du Borno.

En outre, certaines communautés locales semblaient également opposées à l’effort de vaccination en raison de préoccupations concernant ses effets secondaires. Pendant des années, les djihadistes ont en effet condamné cette approche, arguant qu’il s’agissait d’un complot visant à stériliser les musulmans.

«Plusieurs survivants de la polio intégrés dans les équipes d’intervention ont finalement permis de gagner la confiance des communautés locales», raconte Misbahu Lawan Didi, président de l’Association nigériane des survivants de la polio, à BBC News.

Aujourd’hui, on estime que 30 000 enfants restent malgré tout toujours «inaccessibles» dans la région. Ce nombre reste néanmoins «trop faible» pour assurer une transmission épidémique, selon les experts scientifiques. Désormais, seuls deux pays comptent encore des contaminations par le PVS : l’Afghanistan et le Pakistan, qui ont respectivement enregistré 29 et 58 cas en 2020.