Une Ć©tude fait la lumiĆØre sur lāorigine du trou dāozone sans prĆ©cĆ©dent survenu en Arctique Ć la sortie de l’hiver 2019-2020. Les rĆ©sultats ont rĆ©cemment Ć©tĆ© publiĆ©s dans la revue Advances in Atmospheric Sciences.
Lorsque lāon parle du trou dans la couche dāozone, on fait habituellement rĆ©fĆ©rence Ć celui prĆ©sent au pĆ“le sud. Toutefois, un dĆ©ficit en ozone stratosphĆ©rique survient Ć©galement de temps Ć autre au pĆ“le nord mĆŖme si celui-ci reste moins marquĆ© que son cousin austral.
LāintensitĆ© du trou dāozone tient Ć celle du vortex polaire, un tourbillon dāair froid qui apparaĆ®t chaque hiver dans la stratosphĆØre des hautes latitudes. En effet, les rĆ©actions de destruction catalytique de lāozone sont dāautant plus efficaces que la tempĆ©rature ambiante est basse.
Le Pacifique Nord Ć lāorigine dāun trou dāozone record
Or, avec un vortex arctique particuliĆØrement concentrĆ© lors de lāhiver 2019-2020, un trou dāozone record s’est formĆ© au pĆ“le nord au printemps 2020. Ćtant donnĆ© lāimportance de lāĆ©vĆØnement, des chercheurs issus de l’UniversitĆ© de PĆ©kin (Chine) ont tentĆ© de comprendre pourquoi le tourbillon stratosphĆ©rique avait atteint une telle intensitĆ©.
AprĆØs avoir Ć©tudiĆ© un ensemble de donnĆ©es dāobservations et de simulations numĆ©riques, les scientifiques ont dĆ©couvert que les tempĆ©ratures ocĆ©aniques record qui prĆ©valaient alors dans le nord de lāocĆ©an Pacifique ont induit un renforcement du vortex polaire. En effet, elles ont amorti un systĆØme dāondes atmosphĆ©riques de trĆØs grande Ć©chelle, le premier mode des ondes de Rossby, qui perturbe habituellement le tourbillon de sorte quāil ne puisse pas atteindre une trĆØs grande intensitĆ©.
Ā« La rĆ©duction de l’activitĆ© des ondes planĆ©taires a provoquĆ© un vortex polaire stratosphĆ©rique extrĆŖmement froid et persistant entre fĆ©vrier et avril 2020 qui a fourni les conditions nĆ©cessaires Ć une forte perte d’ozone Ā», note Yongyun Hu, auteur principal de lāĆ©tude. Les tempĆ©ratures furent si basses que de trĆØs nombreux nuages nacrĆ©s ont Ć©tĆ© observĆ©s aux moyennes et hautes latitudes de l’hĆ©misphĆØre nord, des formations dont la beautĆ© peut vite faire oublier leur pleine participation aux processus de destruction catalytique de lāozone stratosphĆ©rique.
Ā«Ā La survenue d’une perte record au printemps 2020 indique que les substances appauvrissant la couche d’ozone sont encore suffisantes pour provoquer un fort dĆ©ficit printanier de la couche d’ozone dans la stratosphĆØre arctique Ā», poursuit le chercheur. Ā«Ā Ces rĆ©sultats suggĆØrent que de fortes pertes sont susceptibles de se produire dans un avenir proche tant que les anomalies chaudes du Pacifique Nord ou d’autres processus dynamiques sont suffisamment marquĆ©s Ā».