Dans son bocal, le poisson rouge est plutôt mignon et sympathique. Cependant, lorsque les particuliers le rejettent dans les rivières, celui-ci devient un véritable monstre incarnant l’une des plus invasives espèces aquatiques existantes.
Rejeter son poisson rouge Carassius auratus est une grave atteinte à l’environnement, plus précisément à l’écosystème de la zone où il est justement relâché. Il s’attaque aux plantes aquatiques en les déracinant, remue les sédiments de la rivière et peut également porter des maladies ou parasites potentiellement mortels pour les autres espèces, en plus de dévorer leurs œufs.
Pour illustrer le problème, il faut se rendre en Australie, dans la Vesse River située dans le sud-ouest du pays. Des poissons sont relâchés dans ce cours d’eau depuis deux décennies maintenant. Ainsi, les spécimens que l’on y trouve aujourd’hui peuvent atteindre 40 centimètres de longueur et un poids de 2 kilogrammes. Oui, s’agit bien du petit poisson rouge de notre bocal !
Cependant, des précisions méritent d’être apportées. Les poissons rouges rejetés dans la nature ne deviennent pas tous comme cela. En effet, la population de Vesse River a spécialement connu une augmentation puisque le cours d’eau leur apporte des nutriments en plus grand nombre en raison des activités agricoles environnantes. La température ambiante, dépassant souvent les 30°c, favorise également leur prolifération.
En 2003, un programme de contrôle avait vu le jour, mais leur nombre ne semble pas avoir bougé. Récemment, des chercheurs de l’Université Murdoch (ville de Perth) ont tenté de comprendre le rythme de vie de ces poissons rouges hors normes. Les scientifiques ont utilisé l’acoustique passive, étudiant les bruits issus des mouvements d’une quinzaine de poissons, captés par un réseau d’hydrophones.
Les résultats de l’étude, publiés dans la revue Ecology of Freshwater Fish ce 12 août 2016, montrent que les poissons rouges adaptent leurs mouvements en fonction des saisons. En effet, en période de reproduction, ils se déplacent vers des eaux calmes. Les chercheurs ont également remarqué que les poissons rouges peuvent parcourir de sacrées distances. L’un des spécimens avait même nagé sur 230 km en une année ! Ils sont donc capables de coloniser d’autres milieux.
Selon les scientifiques, il est possible de limiter la prolifération de l’espèce en lui empêchant l’accès aux zones de reproduction et de façon plus générale, en limitant fortement ses déplacements. Bien sûr, il s’agit de ne pas empirer une situation déjà très préoccupante, vous l’aurez donc compris, évitez de jeter votre (petit) poisson rouge dans un cours d’eau.
Sources : Sciences et Avenir – Le Matin