La présence de plusieurs centaines de grenouilles enterrées dans un village de l’âge de fer interroge

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Cette photo montre quelques-uns des 8 000 os de grenouilles et de crapauds trouvés sur le site. Crédits : MOLA_AndyChopping

Une équipe d’archéologues annonce avoir identifié les restes de plus de 350 grenouilles et crapauds, totalisant plus de 8 000 ossements enterrés dans une fosse. Cet événement de mortalité massive se serait produit il y a au moins 2 000 ans. La manière dont ils sont arrivés là interroge cependant encore les chercheurs.

C’est une découverte aussi intéressante que déroutante. Tous ces ossements ont été retrouvés dans une ancienne colonie de Bar Hill, dans le Cambridgeshire (Angleterre), qui évoluait dans la région dès 400 av. J.-C., et ce, pendant près d’un demi-siècle. Les archéologues fouillaient le site en amont d’un projet de construction visant à étendre une autoroute.

Les os, plus de 8 000 au total, proviennent d’au moins 350 grenouilles et crapauds individuels. Le fossé où ils ont été trouvés est situé près d’une rotonde (un édifice circulaire). Aucune preuve ne laisse à penser que ces animaux aient été mangés par des humains ou d’autres animaux. Cette découverte a naturellement laissé les archéologues un peu perplexes quant à la façon dont tous ces cadavres sont arrivés là. Ils avancent néanmoins plusieurs idées.

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Le site archéologique de Bar Hill fréquenté entre 400 av. J.-C. et 70 apr. J.-C.. Crédits: MOLAHeadlandInfrastructure

Froid, maladie ou simple piège ?

L’une d’elles avance qu’un grand nombre de grenouilles et de crapauds se sont déplacés en masse pendant leur saison de reproduction au printemps, avant de finalement tomber dans un fossé duquel ils ne pouvaient s’échapper.

Une autre possibilité est qu’un virus ait infecté et tué ces amphibiens à peu près au même moment. Les archéologues expliquent en effet dans un communiqué qu’un scénario similaire impliquant un Ranavirus s’est déroulé dans les années 1980.

Les amphibiens pourraient aussi être morts lors d’un hiver particulièrement froid. Enfin, une dernière idée suggère que des coléoptères et autres pucerons (groupe d’insectes suceurs de sève) aient envahi la rotonde pour en consommer le grain. Leur présence aurait alors attiré les grenouilles et les crapauds qui seraient finalement tombés dans le fossé pour ne plus jamais en sortir.

Un certain nombre de chercheurs non affiliés ont réagi. « C’est une découverte fascinante. Il n’y a aucun moyen de savoir si un agent pathogène/maladie était responsable, mais la suggestion que ces grenouilles auraient pu tomber dans le fossé de la rotonde pendant la migration pour finalement rester coincées est à mon sens l’idée la plus raisonnable« , a notamment déclaré Roland Knapp, de l’Institut des sciences marines de l’Université de Californie.

Jamie Voyles, professeur agrégé de biologie à l’Université du Nevada Reno, a de son côté jugé la découverte « excitante et intrigante« . Il rappelle que le fait de déterminer la ou les causes de tels événements de mortalité massive reste notoirement difficile, même avec les techniques modernes. Il pencherait toutefois plutôt pour une maladie infectieuse. Malheureusement, aucune analyse ADN des ossements n’est prévue.