L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait ressurgir le spectre des bombes nucléaires, Vladimir Poutine avertissant que quiconque en Occident qui entrerait en guerre contre Moscou serait exposé à des « conséquences jamais vues dans l’histoire« . Mais concrètement, à quel point ces armes peuvent-elles être puissantes ?
Les bombes nucléaires (les plus puissantes jamais développées) utilisent l’énergie dégagée par la fission de noyaux atomiques lourds. Leurs effets destructeurs sont principalement dus au souffle, aux brûlures et à l’effet des radiations. Toutefois, jusqu’à présent, seules deux de ces bombes ont été larguées à des fins véritablement destructrices : celles d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945 qui ont entraîné la mort de 103 000 à 220 000 personnes.
D’autres de ces bombes ont également été larguées, mais dans le cadre d’essais. Voici quelles ont été les plus puissantes. Notez qu’il existe un certain nombre de détonations d’armes nucléaires dont les rendements sont incertains. Seules les détonations dont les rendements sont connus avec certitude sont donc incluses ici.
Tsar Bomba et test 219
En 1961, la Russie et les États-Unis étaient en pleine guerre froide et s’affrontaient pour développer les armes nucléaires les plus puissantes de la planète. C’est finalement l’Union soviétique qui a eu « la plus grosse ».
Officiellement nommée RDS-220, mais généralement surnommée « Big Ivan », « Vanya » ou « Tsar Bomba », cette bombe mesurant huit mètres de long sur environ deux mètres de haut explosa au-dessus l’Arctique russe à quatre mille mètres d’altitude avec une force destructrice de cinquante mégatonnes (elle avait été conçue pour avoir un rendement explosif allant jusqu’à cent mégatonnes). Autrement dit, cette bombe était environ 3300 fois plus puissante que l’arme nucléaire de quinze kilotonnes larguée sur Hiroshima par les États-Unis.
D’après les rapports, la boule de feu de l’explosion mesurait près de 9,7 km de diamètre, révélant ensuite un champignon de gaz ionisant de 90 km de diamètre pour environ 65 kilomètres de haut. En 2020, rappelons que les autorités russes ont déclassifié les images du test, visibles ci-dessous.
Le 24 décembre 1962, le soir du réveillon, l’Union soviétique enchaîna avec l’explosion d’une autre bombe sur le site d’essai de l’archipel de Novaya Zemlya, toujours dans l’Arctique. Avec une force destructrice 24,2 mégatonnes, cette bombe nucléaire (le test 219) fut moitié moins puissante que la « Tsar Bomba », mais elle reste la deuxième arme la plus redoutable ayant jamais explosé. On estime qu’elle était environ 1 600 fois plus puissante que celle d’Hiroshima.
Notez que l’essai 219 fut également l’une des dernières bombes nucléaires larguées depuis les airs par l’Union soviétique. Un traité signé en 1963 obligea en effet les pays concernés à mener leurs essais sous terre.
Test 147 et Test 173
Le 5 août 1962, l’Union soviétique libéra une bombe de 21,1 mégatonnes sur l’archipel de Novaya Zemlya (encore en Arctique). Connue sous le nom de « test 147′, il s’agit de la troisième détonation nucléaire la plus puissante de l’histoire. On estime qu’elle était environ 1 400 fois plus puissante que celle d’Hiroshima. Malgré son immense puissance, cette détonation nucléaire n’est pas aussi connue que d’autres sur cette liste.
Selon le site Nukemap, si une telle arme éclatait de nos jours au-dessus de New York, elle produirait une boule de feu qui couvrirait l’ensemble de Central Park parc ainsi qu’une onde intense de rayonnement thermique capable de recouvrir l’ensemble de la ville.
Le 25 septembre 1962, l’Union soviétique libéra une bombe nucléaire de 19,1 mégatonnes sur l’archipel de Novaya Zemlya. Connue simplement sous le nom de « test 173 », elle est la quatrième arme nucléaire la plus puissante jamais déclenchée (environ 1 270 fois plus puissante que la bombe d’Hiroshima). Sur le plan historique, le largage de cette bombe intervint quelques semaines seulement avant la crise des missiles de Cuba qui mena l’Union soviétique et les États-Unis au bord de la guerre nucléaire.
Pendant la crise, l’Union soviétique avait déployé plusieurs missiles nucléaires à Cuba. Le président Kennedy avait alors envisagé d’attaquer les sites, avant de finalement ordonner un blocus naval pour empêcher que davantage d’armes nucléaires n’atteignent Cuba. L’Union soviétique avait finalement accepté de retirer ses missiles en échange du retrait par les États-Unis de leurs missiles en Turquie.
Les États-Unis et Castle Bravo
Le 1er mars 1954, les États-Unis firent exploser une arme nucléaire de quinze mégatonnes sur l’atoll de Bikini, dans les îles Marshall, lors d’un essai baptisé « Castle Bravo ». Celle-ci ne fut pas larguée par les airs, mais explosa en surface. C’est la cinquième détonation d’arme nucléaire la plus puissante de l’histoire.
À noter que le rendement était environ deux fois et demie plus élevé que prévu, entraînant la propagation des retombées nucléaires sur environ 18 000 kilomètres carrés à travers le Pacifique. Les résidents des Îles Marshall, le personnel militaire américain et l’équipage d’un chalutier de pêche japonais furent donc exposés aux radiations. Certains de ces habitants ont d’ailleurs souffert d’un taux élevé de cancer. Plusieurs années plus tard, le gouvernement américain versa des indemnités aux résidents de l’île. Des militaires américains à la retraite lancèrent même une action en justice contre le gouvernement en 1984, alléguant que le gouvernement américain avait minimisé le danger des radiations.