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Plus grand que le Charles de Gaulle : La Turquie défie les géants navals avec son projet qui bouleverse l’équilibre méditerranéen

Dans les chantiers navals d’Istanbul, un projet titanesque prend forme sous les yeux du président Erdogan. Le MUGEM, futur porte-avions turc, promet de redessiner la carte des forces navales mondiales d’ici 2030. Avec ses dimensions hors normes et sa technologie révolutionnaire centrée sur les drones de combat, ce mastodonte des mers annonce une nouvelle ère dans la stratégie militaire maritime.

Un géant qui surpasse tous ses rivaux méditerranéens

Les dimensions du MUGEM impressionnent par leur ampleur : 285 mètres de longueur pour 72 mètres de largeur, soit un déplacement de plus de 60 000 tonnes. Ces chiffres placent d’emblée le futur porte-avions turc au-dessus du Charles de Gaulle français, qui avec ses 261 mètres et 42 500 tonnes, régnait jusqu’ici en maître sur les eaux méditerranéennes.

Cette supériorité dimensionnelle se traduit par des capacités opérationnelles exceptionnelles. Selon les ingénieurs turcs, le navire pourrait effectuer un aller-retour Istanbul-New York sans nécessiter de ravitaillement en carburant. Cette autonomie remarquable résulte notamment d’innovations hydrodynamiques, incluant une étrave redessinée qui permettrait de réduire la consommation énergétique de 1,5 %.

L’aviation du futur au cœur de la conception

Contrairement aux porte-avions traditionnels occidentaux, le MUGEM a été conçu dès l’origine pour intégrer massivement les drones de combat. Cette approche visionnaire positionne la Turquie à l’avant-garde des nouvelles doctrines navales, où l’aviation sans pilote joue un rôle croissant.

Le pont d’envol accueillera une cinquantaine d’appareils, mêlant chasseurs traditionnels et drones furtifs de dernière génération, relève Le Figaro. Parmi ces derniers figurent le Kızılelma et l’ANCA-III, développés par l’industrie de défense turque. Le chasseur léger Hurjet, dans sa version navalisée, complètera cette flotte aérienne hybride.

Turquie porte-avions
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L’indépendance technologique comme fer de lance

L’ambition turque ne se limite pas aux performances militaires. Ankara revendique fièrement que plus de 80 % des composants seront produits sur son territoire national. Cette approche témoigne d’une stratégie d’indépendance technologique et industrielle, réduisant la dépendance aux fournisseurs étrangers traditionnels.

Cette autonomie de production s’inscrit dans une démarche plus large de souveraineté technologique, où la Turquie cherche à maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur, de la conception à la maintenance. Un atout considérable dans un secteur où les transferts de technologie restent hautement sensibles.

La « Patrie bleue », une doctrine maritime expansive

Le MUGEM s’inscrit dans la doctrine stratégique de la « Patrie bleue » (Mavi Vatan) promue par Recep Tayyip Erdogan. Cette vision géopolitique vise à étendre l’influence turque sur un arc maritime s’étendant de la Méditerranée orientale à la mer Rouge, en passant par la mer Noire.

Cette projection de puissance maritime accompagne les ambitions régionales de la Turquie, qui entend peser davantage dans les équilibres géopolitiques du bassin méditerranéen. Le porte-avions viendra compléter une flotte déjà renforcée par le TCG Anadolu, entré en service en 2022, et le futur TCG Trakya, actuellement en construction.

Un calendrier ambitieux face à la concurrence

Avec une mise à l’eau prévue entre 2027 et 2028 et une entrée en service vers 2030, la Turquie s’apprête à rejoindre le club très fermé des puissances navales capables de concevoir de tels navires. Seuls les États-Unis, la Russie, la France et la Chine maîtrisent actuellement cette technologie.

Toutefois, cette suprématie méditerranéenne pourrait être de courte durée. Le PANG français, avec ses 75 000 tonnes prévues pour la décennie suivante, promet de reprendre le titre du plus imposant porte-avions de la région. La course aux armements navals ne fait que commencer.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.