Le plus grand lézard ver du monde a vécu il y a 47 millions d’années

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Reconstitution réaliste d'un Terastiodontosaurus marcelosanchezi prêt à attaquer un gros escargot de la famille des Bulimulidae. Crédits : Jaime Chirinos.

Une nouvelle découverte paléontologique en Tunisie a permis de décrire une espèce jusqu’alors inconnue d’amphisbène, un reptile fossile surnommé « lézard ver » en raison de son corps allongé et fouisseur. Ce spécimen, nommé Terastiodontosaurus marcelosanchezi, a vécu il y a environ 47 millions d’années, à l’époque de l’Éocène. Cette découverte met en lumière non seulement une nouvelle espèce, mais aussi des détails fascinants sur les modes de vie et l’évolution des amphisbènes, ce groupe de reptiles qui continue de surprendre les chercheurs par leur anatomie unique.

Une découverte marquante pour la paléontologie

Les amphisbènes sont des reptiles appartenant à un groupe plus large appelé les squamates, auquel appartiennent aussi les lézards et les serpents. Souvent surnommés « lézards vers » en raison de leur corps cylindrique et de leur capacité à se déplacer sous terre, ils ont des caractéristiques anatomiques et comportementales très particulières. Terastiodontosaurus marcelosanchezi fait partie de la famille des Trogonophidae, un groupe d’amphisbènes vivant principalement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient aujourd’hui.

Ce spécimen est particulièrement remarquable, car il est le plus grand amphisbène fossile jamais découvert. Il mesure en effet plus de 90 cm de long, ce qui est bien plus grand que les espèces actuelles, telles que Amphisbaena alba qui ne dépasse pas 81 cm. Cette taille impressionnante suggère que Terastiodontosaurus n’était probablement pas un animal fouisseur comme ses cousins modernes, mais plutôt un lézard ver qui vivait en surface, une particularité rare parmi les amphisbènes fossiles.

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Amphisbaena alba. Crédits : Diogo B. Provete

Une découverte qui enrichit notre connaissance de l’Éocène

Le fossile de Terastiodontosaurus marcelosanchezi a été retrouvé dans le parc naturel de Djebel Chambi, en Tunisie, un site riche en fossiles datant de l’Éocène. Ce lieu est un véritable trésor pour les paléontologues, avec des restes d’animaux variés, comme des tortues, des crocodiles, des mammifères, des oiseaux, et bien sûr des reptiles. Ce site fossile a permis de mieux comprendre la biodiversité de la région pendant cette période géologique et d’enrichir le registre fossile des amphisbènes qui est encore mal connu en Afrique.

Les amphisbènes modernes vivent principalement sous terre et ne sortent à la surface que rarement. Cependant, Terastiodontosaurus semble avoir eu des habitudes différentes. Sa grande taille suggère qu’il était peut-être un résident de la surface, ce qui représente une rupture avec le modèle fouisseur habituel des amphisbènes modernes. Cette découverte pourrait redéfinir la manière dont ces reptiles ont évolué et ont occupé leurs niches écologiques au fil du temps.

Terastiodontosaurus marcelosanchezi ne représente ainsi pas seulement une nouvelle espèce, mais aussi un ajout précieux à notre compréhension des amphisbènes. Avec cette découverte, les scientifiques disposent désormais d’un exemple fossile majeur de ce type de reptile datant de l’Éocène en Afrique du Nord. L’espèce fait partie d’une famille, les Trogonophidae, qui, bien que présente aujourd’hui en Afrique et au Moyen-Orient, est peu représentée dans les fossiles.