Plus de 450 loups abattus inutilement en Colombie-Britannique cet hiver

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Crédits : Mingo123/Pixabay

Au cours de l’hiver dernier, 463 loups ont été tués en Colombie-Britannique, considérés comme responsables du déclin des populations de caribous des montagnes. Or, selon une récente étude, les autorités se sont trompées de coupables.

Le caribou des bois est une sous-espèce du caribou (Rangifer tarandus) vivant dans les forêts boréales d’Amérique du Nord. Se distinguent trois écotypes : le caribou toundrique qui fréquente la toundra forestière une partie de l’année, le caribou forestier, présent toute l’année dans la forêt boréale, et le caribou montagnard, évoluant sur les versants et aux sommets des montagnes.

Au cours de ces dernières décennies, ces derniers ont connu un lourd déclin de leur population, au point qu’en 2012, les autorités canadiennes de la faune ont classé la sous-espèce « en voie de disparition ».

Pour l’expliquer, deux théories s’opposaient alors. La première pointait du doigt la perte progressive de leur habitat, imputée à l’Homme, tandis que la seconde évoquait la trop grande prédation du loup.

De nombreux tirs de prélèvement

En 2005, cette dernière théorie a incité le gouvernement de la Colombie-Britannique (Canada) à déployer un premier « plan de rétablissement du caribou ». Grossièrement, des tireurs d’élite en hélicoptère ont été déployés sur tout le territoire, tirant sur des dizaines de loups à basse altitude.

Début 2019, une étude a de nouveau soutenu ce plan de rétablissement, confirmant que l’abattage de nouveaux loups, et la mise à l’écart des caribous femelles enceintes, permettrait de restaurer les populations. Une fois de plus, le gouvernement a autorisé les tirs de prélèvement. À la fin de l’hiver dernier, 463 loups avaient ainsi été abattus.

Mais était-ce vraiment nécessaire ? Non, répond une équipe de chercheurs de l’Université de l’Alberta (Canada). Dans la revue Biodiversity and Conservation, ces derniers soutiennent en effet que la recherche de 2019 a présenté des données erronées.

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Deux caribous des montagnes photographiés en août 1999. Crédits : Lee E Harding

Mauvais coupables

L’étude fait ici valoir que l’équipe de 2019 a commis l’erreur de ne pas utiliser de « modèle nul », un outil statistique souvent utilisé dans les données écologiques. Celui-ci permet de déterminer si un facteur a un impact réel sur le modèle global, ou si la tendance fait simplement partie d’une variation de facteurs aléatoires.

Dans le cadre de ces travaux, s’appuyant sur de nouvelles simulations, les chercheurs ont alors constaté que les loups n’avaient finalement pas grand-chose à voir avec la disparition du caribou. Les déclins les plus marqués, par exemple, ont été observés chez les populations évoluant dans le sud de la région, où les loups sont moins présents, mais où, en revanche, évoluent davantage d’ours, de pumas ou de carcajous.

Un beau gâchis

Si leurs conclusions sont correctes, cela signifie deux choses. D’une part que les loups abattus cet hiver sont morts en vain. Et d’autre part que ce massacre n’aura que peu d’effet sur la santé globale des populations de caribous des montagnes.

Une dernière question demeure : si les loups ne sont pas en cause, comment alors expliquer le déclin de cette sous-espèce ? Ces mêmes chercheurs soutiennent que la destruction de l’habitat due à l’exploitation forestière reste le facteur déterminant.

« Les forêts offrent au caribou un refuge contre les loups et la séparation des autres proies, y compris le wapiti, l’élan et le cerf, selon Lee Harding, principal auteur de l’étude. Sans elles, les caribous doivent constamment se déplacer pour trouver de la nourriture, les exposant de toutes parts ».