Une première publication de données collectées par le réseau de télescopes LOFAR (Low Frequency Array) nous révèle des centaines de milliers d’objets jusqu’alors passés inaperçus.
L’œil humain ne voit pas tout. C’est pourquoi les instruments existent. Comme le réseau de télescopes LOFAR (Low Frequency Array) – 20 000 antennes réparties sur 48 stations aux Pays-Bas – conçu pour étudier les ondes de basses fréquences en mouvement dans l’Univers (10 à 168 mégahertz). Après des milliers d’heures d’observation, réparties sur plus de trois ans, le réseau de radiotélescopes européen nous livre sa première carte du ciel. Avec à l’intérieur, des centaines de milliers d’objets insoupçonnés.
Des galaxies par milliers
Parmi les sources les plus révélatrices : des galaxies par milliers. Plus de 325 000 repérées dans un petit coin du ciel nord, certaines évoluant aux confins de l’Univers observable. « Ces images sont maintenant publiques et permettront aux astronomes d’étudier l’évolution des galaxies avec une précision sans précédent », explique dans un communiqué Timothy Shimwell, de l’Institut néerlandais de radioastronomie.
Nous savons par ailleurs que les plus grandes galaxies abritent en leur centre des trous noirs supermassifs parfois très voraces. En avalant ce qui se trouve à leur portée, ces ogres cosmiques vomissent des jets de matière qui brillent dans les longueurs d’ondes, capables d’être détectées par LOFAR. Ce qu’espèrent les chercheurs à l’origine de cette mission, c’est de pouvoir utiliser ces télescopes dans le but de déterminer l’origine de ces trous noirs en examinant les jets de matériaux qu’ils libèrent.
Et ces nouvelles données nous permettent déjà de confirmer une chose : ces trous noirs ont un appétit sans faille. « LOFAR a une sensibilité remarquable et cela nous permet de voir que ces jets sont présents dans toutes les galaxies les plus massives, ce qui signifie que leurs trous noirs ne cessent jamais de manger », explique en effet l’astrophysicien Philip Best, de l’Université d’Édimbourg (Royaume-Uni).

Des amas de galaxies
Les chercheurs ont par ailleurs eu la chance de pouvoir suivre l’évolution de plusieurs amas de galaxies, et de mesurer les champs magnétiques. À l’intérieur de ces amas, des galaxies fusionnent parfois, entraînant l’émission d’ondes radio pouvant couvrir des millions d’années-lumière. Grâce à ce nouvel instrument, les astronomes peuvent désormais détecter ce rayonnement, et comprendre comment il s’est formé. Ce que nous apprend également cette première salve de données, c’est que vous n’avez pas forcément besoin d’une fusion galactique pour générer de telles ondes.
« Ce que nous commençons à voir avec LOFAR, c’est que, dans certains cas, des amas de galaxies qui ne fusionnent pas peuvent également montrer cette émission, bien qu’à un niveau très bas et jusque-là indétectable, explique Annalisa Bonafede, du Département de physique et d’astronomie de l’Université de Bologne (Italie). Cette découverte nous apprend que, outre les événements de fusion, il y a d’autres phénomènes qui peuvent déclencher l’accélération de particules à très grande échelle ».
On note que 26 articles ont été publiés cette semaine, chacun examinant une ou plusieurs observations, qui ne couvrent que 2 % du ciel. À terme, les astronomes ambitionnent de recueillir environ 15 millions de sources radio, certaines révélant – pourquoi pas – des objets formés à l’aube de l’Univers.
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