La plus ancienne aurore documentée trouvée dans un texte chinois

équateur aurore boréale
Crédits : MartinStr/Pixabay

D’après une étude, le premier cas documenté d’aurore, ces lumières brillamment colorées qui illuminent parfois le ciel nocturne, remonterait au début du 10e siècle av. J.-C.. L’événement aurait en effet été mentionné sur un ancien texte chinois.

Les rapports d’aurores historiques étendent notre connaissance des éruptions solaires et de la variabilité solaire à long terme, au-delà de la couverture chronologique aux échelles décennale, parfois centennale, rendue possible grâce aux observations instrumentales. De telles extensions chronologiques profitent ainsi aux scientifiques, car elles augmentent le nombre d’études de cas portant sur les événements météorologiques extrêmes qui peuvent avoir un impact potentiel plus élevé sur l’infrastructure technologique moderne.

Jusqu’à présent, les premiers rapports datables connus d’aurores candidates remontaient au 7e siècle avant notre ère. Ces derniers auraient en effet été inscrits par des astronomes assyriens sur des tablettes cunéiformes datant de 679 av. J.-C. à 655 av. J.-C.. Dans le cadre d’une étude publiée dans la revue Advances in Space Research, une équipe de l’Université japonaise de Nagoya décrit toutefois un rapport plus ancien encore isolé dans un texte chinois.

Une lumière aux cinq couleurs

Les chercheurs ont découvert ce détail dans les Annales du bambou (Zhúshū Jìnián en mandarin). Il s’agit d’un texte du IVe siècle av. J.-C. écrit sur des morceaux de bambou relatant la légende et les débuts de l’histoire chinoise.

Le texte décrit ainsi une « lumière aux cinq couleurs » observée dans la partie nord du ciel nocturne vers la fin du règne du roi Zhāo, le quatrième roi de la dynastie chinoise Zhou. Les dates exactes du règne de Zhāo ne sont pas connues, mais selon l’étude, il est probable que cet événement se soit produit en 977 av. J.-C. ou en 957 av. J.-C.

Cette mention n’avait jusqu’à présent suscité que peu d’intérêt scientifique, probablement en raison des interprétations controversées de l’identité physique et de la chronologie de l’événement. Auparavant, le terme « lumière aux cinq couleurs » avait par exemple été confondu avec celui de « comète ». Un nouveau regard a finalement conduit les chercheurs à réaliser qu’elle détaillait ce qui pourrait être la première aurore décrite.

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Un fragment de variante des Annales de Bambou. Crédits : Bibliothèque nationale de la Diète

Des aurores dans le ciel de Chine ?

Cette description d’une « lumière à cinq couleurs » fait ici probablement référence à une tempête géomagnétique. Ces événements se produisent lorsque le soleil libère de gigantesques bulles de gaz électrifié projetées à grande vitesse dans l’espace.

La magnétosphère terrestre nous protège contre une grande partie de ces particules chargées énergétiques, mais certaines arrivent toutefois à se frayer un chemin, provoquant alors des perturbations magnétiques. De telles tempêtes peuvent également produire de jolies lumières dans le ciel nocturne. Comme l’explique la NASA, l’oxygène brille en effet alors en vert et en rouge, tandis que l’azote émet une lumière bleue et violette.

De nos jours, nous savons que les aurores boréales se produisent aux latitudes nord, tandis que les aurores dites australes se produisent aux latitudes sud. Au milieu du 10e siècle av. J.-C. en revanche, nous savons que le pôle magnétique nord de la Terre était incliné vers les continents eurasiens, à environ quinze degrés plus près du centre de la Chine qu’aujourd’hui. Il est donc tout à fait possible que les locaux de l’époque aient pu assister à de tels événements.