Quel est le plus ancien cas connu de cancer chez les homininés ?

Paranthropus robustus
Un crâne de Paranthropus robustus. Crédits : DrHerries/Wikipedia

Le cancer est l’une des maladies les plus répandues et potentiellement dangereuses dans le monde. Mais depuis quand existe-t-il ? Quel est le plus ancien cas connu chez les homininés et à quand remonte la première trace écrite ? Nous faisons le point.

Une origine triassique ?

Le cancer est une maladie qui se caractérise par une prolifération incontrôlée de cellules anormales dans un tissu ou un organe de l’organisme. Ces cellules anormales, appelées cellules cancéreuses, peuvent envahir d’autres tissus et organes, provoquant alors des dommages et des dysfonctionnements. La maladie peut toucher toutes les parties du corps, y compris les organes vitaux tels que le cerveau, les poumons, le foie et les os.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 18 millions de nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués dans le monde chaque année, tandis que près de dix millions en meurent dans le même temps.

Cela étant dit, le cancer n’est pas nouveau. Si son histoire est encore un peu floue, les marques laissées dans les archives fossiles étant exceptionnellement rares, nous savons que la maladie sévit chez les êtres vivants depuis au moins le Trias. Il y a quelques années, un fémur fossilisé vieux de 240 millions d’années représentait en effet la plus ancienne preuve connue de la présence d’un cancer chez les amniotes. La victime était une tortue ancienne sans carapace.

Il y a trois ans, des paléontologues avaient également diagnostiqué un cancer malin chez un dinosaure pour la première fois. L’animal en question est un Centrosaurus apertus, un dinosaure à cornes qui vécut il y a 76 à 77 millions d’années.

Qu’en est-il chez les homininés ?

Pour rappel, cette famille de primates comprend les êtres humains actuels (Homo sapiens) et leurs ancêtres fossiles, ainsi que les grands singes (chimpanzés, gorilles et orangs-outans). Les membres de ce groupe sont caractérisés par leur bipédie, c’est-à-dire leur capacité à se déplacer sur deux jambes et à utiliser des outils, ainsi que par leur cerveau relativement grand.

La première preuve de cancer humain provient d’un parent humain précoce qui vécut il y a environ 1,7 million d’années. Cet individu, probablement de l’espèce Paranthropus robustus, vivait avec une tumeur maligne à l’os de l’orteil gauche. Les archéologues ont découvert ses restes à l’intérieur de la grotte de Swartkrans, en Afrique du Sud. Dans le cadre de leur étude, publiée en 2016 dans le South African Journal of Science, les chercheurs avaient comparé les tomodensitométries (TDM) du fossile d’os de l’orteil avec des images de cas modernes d’ostéosarcome, une forme agressive de cancer qui se développe dans les cellules qui produisent la matrice osseuse. Ils avaient alors immédiatement reconnu l’aspect distinctif en forme de chou-fleur de la maladie.

De nos jours, l’ostéosarcome est l’un des cancers osseux les plus courants chez les enfants et les adolescents, mais il peut également toucher les adultes. Concernant cet ancien homininé, bien que l’âge de cet individu préhistorique soit inconnu, il semble qu’il s’agissait d’un adulte. Notez qu’il s’agissait ici d’une tumeur maligne. La plus ancienne tumeur bénigne connue chez cette famille de primates aurait quant à elle été découverte chez un parent humain de 1,9 million d’années connu sous le nom d’Australopithecus sediba, selon une étude distincte publiée la même année.

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La tumeur fossilisée identifiée dans l’os de l’orteil d’un parent humain. Crédits : Patrick Randolph-Quinney, UCLAN

Le papyrus d’Imhotep

Le premier enregistrement écrit du cancer n’apparaît que beaucoup plus tard. En 3000 av. J.-C., Imhotep (un ancien mathématicien, médecin et architecte égyptien) a développé un manuel sur les traumatismes corporels et les interventions chirurgicales. Ce texte, écrit en hiératique, un ancien système d’écriture égyptien, avait ensuite été traduit en anglais par l’archéologue américain James Henry Breasted.

Le document, désormais connu sous le nom de Papyrus Edwin Smith, détaille 48 cas médicaux, dont plusieurs cas sur le cancer du sein. Imhotep décrit notamment les caractéristiques de différents types de tumeurs, dont certaines, solides, ressemblent à une masse bombée froide, dure et dense qui se propage sous la peau.