Des chercheurs identifient le plus vieil arbre généalogique du monde

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Crédits : Reich et al. Nature, 2021

L’analyse de l’ADN ancien de l’une des tombes néolithiques les mieux conservées de Grande-Bretagne, vieille de près de 6000 ans, révèle que 27 des 35 personnes contenues à l’intérieur appartenaient à cinq générations continues d’une seule famille élargie.

Le tumulus de Hazleton North, dans les Cotswold Hills, dans l’ouest de l’Angleterre, est l’une des tombes néolithiques les mieux conservées de Grande-Bretagne. À l’intérieur, les restes (ossements et dents) de trente-cinq personnes ont été mis au jour dans les années 80. Toutes auraient vécu il y a entre 5 600 et 5 700 ans, environ cent ans après l’introduction de l’agriculture dans la région.

Il y a quelques années, une équipe avait extrait du matériel génétique de ces restes ensevelis. Dans le cadre d’une étude plus récente, des chercheurs se sont appuyés sur ces données génétiques pour reconstituer les différentes relations entre tous ces individus.

L’équipe, qui publie ses résultats dans Nature, a pu détecter que vingt-sept de ces personnes étaient de proches parents biologiques, représentant une lignée de cinq générations. Cette étude, qui reconstruit le plus vieil arbre généalogique jamais répertorié, est également l’une des premières à révéler de manière aussi détaillée comment les familles préhistoriques étaient structurées.

Une société patrilinéaire

Cette analyse montre que la plupart des personnes enterrées dans la tombe descendaient de quatre femmes qui avaient toutes eu des enfants avec le même homme. Ces résultats suggèrent qu’il y avait donc des mariages polygames dans la société néolithique à cette époque. Les chercheurs pensent en effet qu’il était peu probable que cet homme ancestral ait eu quatre femmes l’une après l’autre. En réalité, il avait ainsi probablement plus d’une épouse en même temps.

Les résultats de ces travaux indiquent aussi que les hommes étaient généralement enterrés avec leur père et leurs frères, ce qui suggère que la descendance était patrilinéaire. En d’autres termes, les générations ultérieures enterrées étaient liées à la première génération par l’intermédiaire de leurs parents masculins.

Le cairn comprenait également deux zones chambrées en forme de L situées au nord et au sud de la « colonne vertébrale » principale de la structure (voir schéma ci-dessous). Le choix de la chambre dans laquelle les individus étaient enterrés dépendait des femmes de la première génération. Les descendantes de deux de ces femmes ont été enterrées dans la chambre nord et les descendants des deux autres femmes ont été enterrés dans la chambre sud.

Cette découverte laisse également à penser que ces quatre femmes de première génération étaient socialement importantes au sein de leur communauté.

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Crédits : Fowler, Olalde et al.

De possibles « pièces rapportées »

D’après l’analyse,  tout porte également à croire que des « beaux-fils » ont été adoptés dans la lignée. Les chercheurs soulignent en effet la présence de plusieurs hommes dont la mère a été enterrée dans la tombe, mais pas leur père biologique. Leur mère avait également eu des enfants avec un homme de la lignée patricienne.

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Un tableau de l’arbre généalogique. Crédits : Université de Newcastle

Enfin, l’équipe aurait identifié huit individus n’ayant aucun lien biologique avec ceux de l’arbre généalogique. Cependant, trois d’entre eux étaient des femmes. Il est donc possible que ces dernières aient eu un partenaire dans la tombe, mais qu’elles n’aient pas eu d’enfants. Il est aussi possible qu’elles aient eu des filles, mais que celles-ci aient quitté la communauté une fois atteint l’âge adulte, ce qui expliquerait leur absence dans la tombe.