Une étude récente menée sur le terrain volcanique de Nouvelle-Zélande rapporte l’incroyable résistance de certaines plantes aux conditions extrêmes régnant à la surface, certaines pouvant survivre à des températures atteignant les 72 °C.
Les champs géothermiques (des zones où le sol est chauffé par des roches en fusion) sont connus pour leurs sources thermales et leurs geysers. Mais ils contiennent aussi une végétation distincte. Une étude menée dans une zone volcanique hautement active en Nouvelle-Zélande où la température du sol atteint les 98,5 °C, a notamment révélé plusieurs espèces de végétation qui peuvent survivre à ces conditions extrêmes. Mark Smale et son équipe, du Landcare Research en Nouvelle-Zélande, ont en effet étudié quinze de ces champs dans la zone volcanique de Taupo, au nord du pays. Ils ont échantillonné la végétation, mesuré les températures du sol et analysé les niveaux de pH et la teneur en métal.
Les sols géothermiques ont en effet souvent des niveaux de pH extrêmes et des niveaux exceptionnellement élevés (et parfois toxiques) de métaux tels que l’aluminium censés affecter la croissance des plantes. Ils ont ici constaté que les plantes avec des racines peu profondes comme les mousses étaient les seules survivantes dans les zones avec un sol extrêmement chaud, dont la température était mesurée à dix centimètres sous la surface. L’une d’elles, Campylopus pyriformis, prospère dans tout type de climat et était la plante la plus tolérante à la chaleur dans les zones étudiées, pouvant résister à des températures atteignant les 72 °C.

« Outre les algues thermophiles peut-être, aucune plante ne peut survivre à des températures supérieures à environ 80 °C », explique Mark Smale qui publie ses résultats dans le Journal de la Royal Society of New Zealand. « Celles-ci se sont adaptées en ayant des racines courtes ou des racines qui s’étendent latéralement plutôt que vers le bas », explique-t-il. Dans les régions où le sol était de quelques degrés plus frais (à 68 °C), l’équipe a retrouvé du kanuka géothermique, un arbuste endémique de la Nouvelle-Zélande, et de nombreuses pousses de Lycopodiella cernua, très répandue dans les climats tropicaux. Dans l’ensemble, il y avait peu de plantes à fleurs. La température du sol est ici considérée comme le principal facteur limitant la croissance des plantes.
Les chercheurs souhaitaient ici classer la végétation géothermique dans la zone volcanique de Taupo afin de déterminer si des stratégies de conservation étaient nécessaires. Les plantes sont effectivement menacées, mais plus par des projets d’énergie géothermique et par les touristes qui les piétinent. En revanche, les changements climatiques ne sont pas préoccupants d’après l’étude. Bien que la zone volcanique de Taupo ait parfois des hivers froids et des gelées fréquentes, ces conditions ont un effet moins important sur la croissance des plantes. « Ce sont quelques-uns des rares sites sur Terre qui sont à l’abri du changement climatique », termine le chercheur.