Selon une étude récente menée aux États-Unis, une espèce de plante solanacée proche du tabac pourrait permettre d’améliorer les préparations infantiles. En modifiant génétiquement la plante, il serait effectivement possible d’extraire des nutriments avec des effets bénéfiques pour le système immunitaire des nouveau-nés.
Une plante pour limiter les infections chez le nourrisson
Originaire d’Australie, la plante de l’espèce Nicotiana benthamiana, proche du tabac, est actuellement le végétal préféré pour l’agriculture moléculaire. Il est en effet particulièrement bien adapté à la production de protéines recombinantes en bioconfinement. Or, des microbiologistes de l’Université de Californie à Berkeley (États-Unis) ont justement travaillé sur cette plante, dans le cadre d’une étude publiée dans la revue Nature Food le 13 juin 2024.
Selon les chercheurs, modifier génétiquement cette plante pourrait lui faire produire des oligosaccharides du lait maternel (HMO), des sucres complexes qui stimulent les bactéries intestinales saines. En ajoutant des HMO à des substituts du lait maternel, il serait alors possible d’offrir aux nouveau-nés des bienfaits similaires à ceux de l’allaitement naturel. Par ailleurs, soulignons le fait qu’extraire ces HMO passe par le broyage de la plante génétiquement modifiée.
Rappelons tout de même que le lait maternel contient pas moins de 200 HMO différents. Indigestes pour les bébés, ces oligosaccharides nourrissent toutefois les bactéries qui colonisent leurs intestins durant les premières semaines de leur vie. Les auteurs de l’étude estiment que favoriser la santé de ces bactéries intestinales bénéfiques pourrait ainsi permettre de limiter les infections bactériennes et virales chez les nouveau-nés.
Des préparations plus saines et moins onéreuses
Pour l’instant, seule une petite quantité de ces HMO peuvent résulter d’une fabrication à partir de bactéries modifiées. Alors que les fabricants ont de plus tendance à les utiliser comme ingrédients, l’isolement des molécules bénéfiques des autres sous-produits toxiques est un processus coûteux. Il n’est donc pas surprenant de constater que le lait en poudre pour bébé contient généralement une quantité très limitée de HMO. Le recours à la plante Nicotiana benthamiana donnerait alors l’occasion de contourner ce problème.
Les scientifiques de l’étude ont réussi à produire onze HMO à l’aide du végétal en question. Or, l’un de ces oligosaccharides n’est autre que le LNFP1, associé à une diminution des infections chez les nourrissons. Malheureusement, cet HMO n’a jamais pu être produit en grande quantité jusqu’à aujourd’hui. Les auteurs de l’étude pensent que leurs travaux pourraient ouvrir la voie vers l’élaboration de préparations infantiles plus saines et peut-être même de laits végétaux plus nutritifs pour les adultes.