Avec l’exploration spatiale en plein essor, la colonisation de Mars devient une perspective de plus en plus concrète. Cependant, pour que les humains puissent s’installer sur la planète rouge, il est impératif de transformer son environnement hostile en un habitat viable. Une solution pourrait résider dans la culture de plantes capables de survivre aux conditions martiennes et de contribuer à la production d’oxygène. Après la luzerne et un riz OGM développé pour le sol martien, une étude récente de l’Académie chinoise des sciences met en lumière la mousse Syntrichia caninervis, une autre espèce de plante capable de résister aux conditions extrêmes de Mars.
Une plante survivaliste
Les mousses sont en général des plantes pionnières qui ont évolué pour survivre dans des environnements extrêmes et S. caninervis ne fait pas exception. Vous la retrouverez principalement dans les croûtes biologiques des sols (BSC) des déserts froids. Elle est particulièrement résistante à la sécheresse, au froid intense et aux radiations, ce qui en fait une candidate idéale pour les conditions rigoureuses de Mars.
Pour tester cette hypothèse, des chercheurs ont récemment soumis cette plante à des conditions simulant celles de Mars. Pour ce faire, ils ont commencé par déshydrater les spécimens de manière extrême, avant de les réhydrater. Les résultats ont été impressionnants : la mousse aurait repris ses fonctions physiologiques normales en quelques secondes à peine. Ensuite, les plantes ont été exposées à des températures extrêmement basses, stockées dans un congélateur à -80 °C pendant cinq ans ou dans de l’azote liquide (-196°C) pendant un mois. Même dans ces conditions, les mousses auraient montré une remarquable capacité de régénération avec un taux de survie proche de 95 %.

Résistance aux radiations et aux conditions atmosphériques de Mars
Outre la déshydratation et le froid, les plantes martiennes devront également faire face à des niveaux de radiation bien supérieurs à ceux de la Terre. Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont donc exposé S. caninervis à des doses de radiation allant de 500 à 16 000 grays (Gy). Les résultats ont révélé que les plantes pouvaient non seulement survivre à des doses modérées de radiation (jusqu’à 1 000 Gy), mais également se régénérer plus rapidement que les plantes témoins.
Cependant, à des doses plus élevées, la régénération était plus lente et le taux de survie tombait à environ 70 % après 60 jours de récupération. Malgré cela, la résistance de S. caninervis aux radiations est remarquable comparée à celle des humains qui ne peuvent supporter que des doses allant jusqu’à 50 Gy.
Enfin, les chercheurs ont soumis les plantes à une simulation des conditions atmosphériques de Mars, incluant la composition des gaz et les fluctuations de température. Les mousses déshydratées ont montré une récupération complète après trente jours, tandis que les mousses hydratées ont également survécu, mais avec une régénération plus lente. Ces résultats soulignent une fois de plus le potentiel de S. caninervis pour survivre et même prospérer dans l’environnement hostile de Mars.
Bien qu’il reste encore beaucoup à faire pour transformer Mars en un habitat autosuffisant pour les humains, cette étude offre une lueur d’espoir. Les chercheurs concluent ainsi que S. caninervis pourrait jouer un rôle crucial en tant que plante pionnière dans la terraformation de Mars. En plus de produire de l’oxygène, ces mousses pourraient stabiliser le sol martien et participer aux cycles biogéochimiques de la planète.
Les prochaines étapes consisteront à tester cette mousse prometteuse directement sur Mars ou sur la Lune pour vérifier ses capacités de colonisation et de croissance dans l’espace. Si ces tests sont concluants, S. caninervis pourrait bien devenir un élément clé de notre avenir interplanétaire, ouvrant la voie à une nouvelle ère de l’exploration spatiale et de la colonisation humaine.
L’article est publié dans la revue The Innovation.