Des astronomes identifient des planètes potentiellement « super-habitables »

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Crédits : lumina_obscura/pixabay

Et si notre monde n’était pas le meilleur endroit pour vivre ? Des chercheurs américains estiment en effet que certaines planètes seraient plus propices au développement et au maintien de la vie que la Terre.

La Terre, la seule planète connue pour abriter la vie, est a fortiori considérée comme le terrain le plus propice à l’émergence et au développement du vivant, mais est-ce réellement le cas ? Pourrait-il y avoir dans l’univers d’autres mondes où il ferait mieux vivre ? L’astronome Dirk Schulze-Makuch, de la Washington State University, pense que c’est effectivement le cas. Il détaille ses travaux dans la revue Astrobiology.

Identifier les planètes les plus prometteuses

Dans les années et décennies à venir, des observatoires de plus en plus puissants nous permettront de sonder l’Univers comme jamais auparavant. On pense notamment au James Webb Telescope (NASA), dont le lancement est prévu l’année prochaine ou encore à PLATO, développé par l’Agence spatiale européenne (ESA), prévu pour être lancé en 2026. Il y en aura d’autres. Par exemple, LUVOIR est l’une des quatre propositions d’observatoires spatiaux que la NASA envisage de développer au cours de la décennie 2025-2035.

Ceci dit, l’astronome Dirk Schulze-Makuch estime qu’avec tous ces instruments à venir, il sera important de prioriser certaines cibles. « Nous devrons concentrer nos efforts sur les planètes ayant les conditions les plus prometteuses pour une vie complexe. Cependant, nous devons faire attention à ne pas rester coincés sur notre recherche d’une « deuxième Terre », car il pourrait y avoir des mondes plus propices à la vie que le nôtre« , explique-t-il.

Dans son étude, Dirk Schulze-Makuch s’est entouré de René Heller, de l’Institut Max Planck pour la recherche sur le Système solaire, et d’Edward Guinan, de l’Université Villanova. Ensemble, ils ont cherché à identifier les critères de super-habitabilité que devraient présenter ces planètes. Ils ont ensuite recherché lesquels pourraient y répondre parmi les 4 500 mondes connus au-delà de notre Système solaire.

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Le télescope spatial James Webb, entièrement assemblé. Crédits : NASA / Chris Gunn

Des étoiles à longue durée de vie

Les chercheurs ont naturellement sélectionné des planètes supposées de type terrestres, en orbite dans la zone de leur étoile autorisant la présence d’eau liquide en surface.

Concernant les étoiles, les chercheurs ont évidemment pris en compte les étoiles de type G, comme notre Soleil. En revanche, ils soulignent que ce dernier n’a une durée de vie que d’environ dix milliards d’années et que la vie complexe ne s’est pleinement développée sur Terre qu’il y a moins quatre milliards d’années.

Aussi, ils considèrent que de nombreuses étoiles similaires à notre soleil pourraient manquer de carburant avant que la vie complexe ne puisse se développer sur leur planète. C’est pourquoi en plus d’examiner les systèmes avec des étoiles G, les chercheurs ont également considéré des systèmes avec des étoiles naines K (naines orange). Un peu plus froides, moins massives et moins lumineuses que notre soleil, elles ont en revanche une longue durée de vie de vingt à soixante-dix milliards d’années.

Ces étoiles pourraient ainsi permettre à la vie, si tant est qu’elle apparaisse sur une planète, d’avoir davantage de temps pour se développer. Cependant, pour être habitables, ces mondes ne doivent pas non plus être « trop vieux », au risque d’épuiser leur chaleur géothermique et de manquer de champs géomagnétiques protecteurs. Aussi, pour maximiser les chances d’habitabilité, les chercheurs estiment que nous devrions concentrer nos efforts sur les planètes âgées entre 4,5 milliards d’années (comme la Terre) et huit milliards d’années.

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Dans l’idée, voici à quoi pourrait ressembler la photo d’une exoplanète de type terrestre. Crédits : SLAVA TURYSHEV / NASA

Des planètes plus grandes et plus chaudes

La taille et la masse de ces planètes comptent également. Dans cet esprit, les astronomes proposent de se concentrer sur les mondes un peu plus grands que la Terre (environ 10%), de manière à maximiser la superficie des terres habitables. Les planètes environ 1,5 fois plus massives pourraient également préserver leur chaleur interne plus longtemps et auraient également une gravité plus forte. Cela leur permettrait de retenir une atmosphère sur une plus longue période.

Enfin, les auteurs soulignent que chaleur et humidité font également bon ménage. On observe en effet sur Terre une biodiversité plus importante dans les forêts tropicales humides que dans les zones plus froides et plus sèches. Aussi les chercheurs proposent de nous concentrer sur des mondes présentant une température de surface environ 5°C supérieure à la température moyenne de la Terre, avec un taux d’humidité supérieur.

Finalement, les chercheurs ont réduit l’échantillon de plus de 4500 exoplanètes à vingt-quatre prétendantes, toutes évoluant à plus de cent années-lumière. Il est donc inutile d’imaginer pouvoir vous y rendre un jour.

Notez qu’aucune de ces planètes ne répond à tous ces critères. En revanche, ce sont celles qui s’en rapprochent le plus. Sur cet échantillon, seize ont entre cinq et huit milliards d’années environ par exemple et cinq auraient des températures de surface adéquates. L’une d’entre elles, KOI 5715.01, se détache toutefois des autres en cochant quatre caractéristiques indispensables, la rendant plus propice à la vie que notre belle planète.