Suite à des dégâts causés sur plusieurs câbles sous-marins importants par les rebelles houthis au Yémen, l’OTAN a décidé de réagir. Dans le cadre d’un programme spécial, l’organisation a débloqué une subvention pour permettre à des chercheurs de trouver un moyen de réorienter le trafic Internet des câbles vers des systèmes satellitaires en cas de problème majeur.
Agir face à une menace réelle
Aujourd’hui, plusieurs centaines de câbles sous-marins relient tous les continents afin de permettre aux utilisateurs d’Internet de recevoir des données provenant des quatre coins du monde en quelques secondes. Deux autoroutes principales peuvent toutefois être citées : entre l’Europe et l’Amérique du Nord (Atlantique) et entre l’Asie du Sud-est et les États-Unis (Pacifique Nord). Par ailleurs, soulignons le fait que ces câbles sont d’une importance cruciale puisqu’ils sont responsables de 99% du trafic Internet.
Malgré la profondeur à laquelle se trouvent ces câbles, ils ne sont toutefois pas vraiment à l’abri de certains problèmes. En début d’année 2024, les rebelles houthis du Yémen en mer Rouge ont été responsables de l’endommagement de câbles très importants entre les villes de Djeddah (Arabie Saoudite) et l’état de Djibouti près de la corne de l’Afrique. Un missile a touché le navire Rubymar (qui a coulé depuis) et contraint l’équipage à jeter l’ancre. Or, l’ancre aurait raclé les fonds marins et occasionné des dégâts au niveau des câbles.
Ainsi, la menace est réelle et surtout, il est impensable qu’une partie du monde soit coupée d’Internet. Comme l’explique Bloomberg dans un article du 9 juillet 2024, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a donc décidé d’agir.
Mieux détecter les problèmes au niveau des câbles
Dans les faits, l’OTAN a débloqué une subvention de 400 000 euros à destination de chercheurs américains, islandais, suédois et suisses dans le cadre d’un programme baptisé Science pour la paix et la sécurité,. L’objectif est de permettre à ces scientifiques de trouver un moyen de réacheminer le trafic Internet des câbles sous-marins vers les systèmes satellitaires en cas de sabotage ou encore en cas de catastrophe naturelle. Les possibilités existent puisqu’aujourd’hui, les satellites opèrent seulement 1 % du trafic Internet mondial.
En réalité, tout semble dépendre du développement de méthodes efficaces pour la détection des problèmes concernant les câbles, mais également au niveau de l’automatisation des offres d’accès à la bande passante des satellites. Or, si les opérateurs de réseaux de câbles sont capables de détecter toute perturbation d’un câble au kilomètre près, l’un des enjeux est de réduire cette tolérance au mètre.
Durant deux années, les chercheurs testeront plusieurs prototypes de systèmes dans un banc d’essai sous-marin pour le câblage à haute tension à proximité de la plus grande base navale de Suède. Toutefois, certains observateurs estiment qu’il s’agit ici d’une initiative techniquement complexe qui devra surtout faire l’objet d’une coordination importante entre les différentes juridictions à l’échelle internationale.