Alors que le frelon asiatique sévit depuis une vingtaine d’années en France, le Sénat a récemment approuvé un nouveau plan national de lutte. En cas d’approbation par l’Assemblée nationale, les choses pourraient enfin changer pour les apiculteurs, la population ainsi que la biodiversité.
Un nouveau plan de lutte en attente
Classé comme nuisible depuis 2012, le frelon asiatique (Vespa velutina) a envahi pratiquement toute l’Europe depuis l’arrivée du premier spécimen en France en 2004. Or, les premières victimes de ces insectes sont les abeilles et les apiculteurs, dont la situation s’aggrave année après année. Il y a peu, le Sénat a validé un plan national de lutte contre le frelon asiatique, désormais en attente d’approbation par l’Assemblée nationale.
Ce plan national de lutte a été rendu public le 4 mars 2024 sur la plateforme du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. Élaboré par le réseau national Freedon France et l’association agricole GDS France, ce plan a pour objectif de protéger les ruchers, les populations et évidemment la biodiversité.
Des mesures ont été pensées en fonction de la densité des colonies de frelons, mais aussi, et surtout de l’intensité de la prédation durant l’été. Parmi ces mesures, il est possible de citer la diminution de la prédation, notamment avec des pièges moins dommageables à la biodiversité, la réduction du stress des abeilles à l’aide de muselières de ruche ou encore la destruction des nids selon certaines conditions.

Des indemnisations pour les apiculteurs
Concernant les pièges, le plan de lutte conseille d’éviter les dispositifs cloches ou bouteilles. En effet, ils ont une sélectivité particulièrement mauvaise, car ils piègent également d’autres insectes. D’autres dispositifs sont plus intéressants tels que les pièges dits « japonais », « coréen à ailes » ou encore « boîte à cônes et grilles » dans l’attente de pièges plus performants à l’avenir. Le plan préconise aussi un maillage régulier tous les 350 m à moins d’un kilomètre de ruchers qui ont subi d’importantes pertes l’année précédente. Citons également une inspection régulière des pièges afin de vérifier si ces derniers capturent ou non d’autres espèces en trop grande quantité. De plus, l’installation de pièges à proximité de fleurs ou d’arbres qui attirent une grande quantité et diversité d’insectes pollinisateurs est proscrite.
Évoquons également la destruction des nids, dont la prise en charge (entre 80 et 150 euros) sera obligatoire pour les communes, les agglomérations, les départements ou les régions. Il s’agit ici notamment de détruire des nids chez des particuliers qui n’ont pas les moyens ou l’envie de passer à l’action pour éviter ainsi la prolifération des frelons. Une telle mesure pourrait donc soulager les apiculteurs qui, grâce à la nouvelle loi en attente, verraient également le déblocage d’indemnisations en cas de pertes de leurs ruches.
Enfin, il faut savoir que le nouveau plan national de lutte contre le frelon asiatique ne permettra pas son éradication. En effet, la situation est aujourd’hui trop complexe, la lutte contre cette espèce invasive n’ayant jamais été reconnue comme cause nationale. En revanche, cette invasion pourrait être contenue puisque chaque reine éliminée est synonyme de 1 500 frelons asiatiques en moins.