Le plan de l’Arabie Saoudite pour sortir du pétrole n’est peut-être pas viable

Crédits : Neom / The Line

Selon le prince Mohammed ben Salmane, l’Arabie Saoudite sera sortie du pétrole en 2030 en ayant mis un pied dans le futur. Pour atteindre cet objectif, le royaume s’appète à investir des centaines de  milliards de dollars. Le plan Vision 2030 n’est cependant peut-être pas aussi viable qu’il n’y paraît. Voici ce qu’il faut retenir sur le projet Neom.

Un projet gigantesque : Neom

L’Arabie Saoudite veut en finir avec le pétrole et entrer dans le futur grâce à son plan Vision 2030. Or, le projet phare de ce plan n’est autre que la mégalopole Neom, présentée en 2017. Il y a quelques mois, le PDG de Neom a d’ailleurs publié une lettre qui évoque les quatre régions qui composeront la mégalopole : The Line, Sindalah, Trojena et Oxagon. Sindalah sera une île artificielle ultra luxueuse et ultra connectée et Trojena constituera une autre destination de tourisme cette fois axée sur la montagne. Oxagon jouera pour sa part le rôle de cité industrielle de Neom. Cette zone devrait abriter le premier écosystème portuaire et de chaîne d’approvisionnement entièrement intégré au monde.

La quatrième région n’est autre que The Line, une ville longiligne de 170 km qui pourra abriter un million de personnes. Les responsables du projet ont évoqué une absence de routes et d’automobiles et donc d’émissions de carbone. Il est également question de préserver 95 % des zones naturelles autour de la ville. Seulement, voilà, le Business Insider a publié un article le 27 août 2023 expliquant pourquoi la stratégie saoudienne est risquée.

THE LINE arabie saoudite ville écologique
Crédits : capture YouTube / NEOM

Le royaume n’a pas le droit à l’erreur

L’Arabie Saoudite affiche la croissance la plus forte du G20 ainsi qu’un taux de chômage de seulement 4,8 %. Toutefois, le fonds souverain du royaume Public Investment Fund (PIF), qui gère une somme d’environ 700 milliards de dollars, a enregistré une perte de 11 milliards en 2022. Il s’agissait d’une première. Par ailleurs, le pays devrait attendre plusieurs années avant de récolter les éventuels premiers bénéfices d’un projet comme Neom.

En outre, le projet pourrait provoquer des troubles sociaux. Les jeunes élites urbaines du pays soutiennent en effet Neom, mais les ruraux, beaucoup moins. De plus, le prince Mohammed ben Salmane n’est pas apprécié de tous, car il veut renforcer l’égalité femmes-hommes et réduire un peu la pression qu’exerce sur la société le wahhabisme, un mouvement au sein de l’Islam. Enfin, les tribus nomades qui ont quitté leurs terres pour faire place à Neom continueront de soutenir le prince seulement en cas de retombées économiques positives.

Le contexte géopolitique est aussi assez préoccupant. Le plan Vision 2030 pourrait intensifier les tensions avec les Émirats arabes unis. En effet, les deux pays se disputent le leadership économique dans la zone.

Ainsi, le projet Neom symbolise l’ambition audacieuse de l’Arabie Saoudite de s’émanciper de sa dépendance au pétrole et de se positionner comme un leader dans l’innovation technologique et le développement durable. Cependant, malgré les promesses et l’ampleur des investissements, les défis à relever sont nombreux. Des risques économiques aux tensions sociales et géopolitiques, le succès de Vision 2030 repose sur un équilibre délicat entre modernisation rapide et gestion prudente des impacts sociaux et politiques. Seul l’avenir dira si le royaume parviendra à réaliser cette transformation radicale tout en maintenant sa stabilité et sa prospérité.