L’épisode de chaleur meurtrière qui a frappé l’ouest de l’Amérique du Nord à la fin du mois de juin 2021 se classe en sixième position des épisodes de chaleur les plus extrêmes jamais survenus dans le monde. C’est du moins ce que rapporte une étude publiée dans la revue Science Advances ce 4 mai.
Du 27 au 30 juin 2021, le thermomètre s’est envolé à des niveaux jamais atteints entre le nord-ouest états-unien et le grand Ouest canadien. De nombreux records de chaleur ont été battus, dont celui de la température la plus élevée jamais mesurée au Canada. En effet, un sidérant 49,6 °C a été atteint dans le petit village de Lytton (Colombie-Britannique), un jour avant que celui-ci ne soit dévasté par les incendies.
À quel niveau se place l’épisode de 2021 en termes d’anormalité ?
De par son intensité et sa fulgurance, l’épisode caniculaire de fin juin 2021 a fait la une des médias internationaux et donné lieu à plusieurs études d’évaluation quant à la contribution du changement climatique à un tel évènement. De nouveaux travaux ont désormais montré qu’au moins cinq épisodes de chaleur plus extrêmes encore s’étaient produits dans le monde par le passé sans toutefois avoir autant attiré les regards.
« La vague de chaleur de l’ouest de l’Amérique du Nord restera dans les mémoires en raison de sa dévastation généralisée », rapporte Vikki Thompson, auteure principale du papier. « Cependant, notre étude révèle plusieurs extrêmes météorologiques plus importants au cours des dernières décennies, dont certains sont passés largement à côté du feu des projecteurs, probablement en raison de leur occurrence dans des pays plus défavorisés ».
Les chercheurs ont évalué l’anormalité des épisodes de chaleur comme l’écart par rapport à la température moyenne locale, à la fois en valeur absolue, mais aussi en termes de variance. En passant en revue les données disponibles dans le monde depuis le milieu du vingtième siècle, ils ont montré que les vagues de chaleur les plus extrêmes sont survenues, par ordre de classement, en Asie du Sud-est en avril 1998, au Brésil en novembre 1985, au sud des États-Unis en juillet 1980, en Alaska en juillet 2019 et au sud-ouest du Pérou en janvier 2016.

« Il est important d’évaluer la sévérité des vagues de chaleur en termes de variabilité de la température locale, car les humains et l’écosystème naturel s’adapteront à cela, donc dans les régions où il y a moins de variation, un extrême de température plus petit peut avoir des effets plus graves », explique la chercheuse. En somme, le classement est calculé comme l’écart à la distribution statistique des températures pour chaque région.
Les épisodes de chaleur promis à une aggravation rapideÂ
L’équipe de chercheurs a également utilisé des modèles de climat pour voir comment la sévérité des vagues de chaleur évoluait régionalement dans un monde de plus en plus chaud. Sans surprise, la fréquence et l’intensité des épisodes vont en augmentant à un rythme proche du taux de réchauffement local. Par ailleurs, les pics de chaleur partent d’un niveau de base plus élevé et multiplient donc les records, là aussi proportionnellement au réchauffement moyen local.
« Le changement climatique est l’un des plus grands problèmes de santé mondiaux de notre époque, et nous avons montré que de nombreuses vagues de chaleur en dehors du monde développé sont passées largement inaperçues », rapporte Dann Mitchell, coauteur de l’étude. « Le poids de la chaleur sur la mortalité au niveau national peut se chiffrer en milliers de décès et les pays qui connaissent des températures en dehors de leur plage normale sont les plus sensibles à ces chocs ».