L’actualisation de précédents travaux par des chercheurs de l’Université Columbia et de l’Université de Californie (États-Unis) soutient que la sécheresse qui touche le sud-ouest de l’Amérique du Nord depuis une vingtaine d’années est la plus sévère depuis au moins 1200 ans. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature Climate Change ce 14 février.
Depuis le début des années 2000, le sud-ouest de l’Amérique du Nord est soumis à une sécheresse chronique à l’origine de pénuries d’eau et de nombreuses restrictions sur sa consommation. Au cours de l’été dernier, les deux plus grands réservoirs américains que sont les lacs Powell et Mead enregistraient ainsi leur niveau le plus bas jamais atteint depuis plus d’un siècle.
Les scientifiques parlent de méga-sécheresse pour qualifier ce type d’épisodes où, durant plusieurs décennies, les phases humides ne compensent plus les phases sèches. Ainsi, le bilan hydrique est à un déficit net qui s’aggrave au fil du temps et conduit à l’épuisement des ressources dans la région. Une nouvelle étude indique à ce titre que la période de 2000 à 2021 a été la plus sèche jamais observée depuis au moins 1200 ans.
Une sécheresse rendue exceptionnelle par le réchauffement climatique anthropique
Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont utilisé un ensemble de données paléoclimatiques et plusieurs modèles informatiques afin de reconstituer l’humidité des sols à l’ouest de l’Amérique depuis l’an 800. Si de précédents travaux ont indiqué que seule la méga-sécheresse des années 1500 avait été plus virulente, les nouvelles données montrent que même cette dernière est désormais battue par la sécheresse en cours.
« Elle est maintenant 5 % plus sèche que l’ancien record des années 1500 », rapporte Park Williams, auteur principal de l’étude. Le scientifique ajoute que la situation actuelle a véritablement démarré en 2002, une année marquée par un déficit hydrique exceptionnel à l’image des années 2020 et 2021. « Je me demandais si nous reverrions une année comme 2002 au cours de ma vie et en fait, nous l’avons vue vingt ans plus tard durant la même sécheresse ».
Par ailleurs, le papier révèle que plus de 40 % de sa sévérité est directement lié au réchauffement anthropique qui amplifie l’évaporation et tend à réduire les précipitations. De fait, sans la présence de ce dernier, la sécheresse actuelle ne se serait jamais hissée aussi haut dans le classement. Elle n’aurait même probablement jamais atteint le stade de méga-sécheresse, car la phase humide de 2005-2006 aurait suffi à la terminer.
Cependant, le climat change à grande vitesse et les simulations effectuées par les chercheurs montrent qu’il y a désormais trois chances sur quatre pour que le déficit hydrique persiste jusqu’à la fin de la décennie. Cette évolution alimente dans le même temps la tendance à l’intensification des feux de forêt sur l’ouest des États-Unis et le nord du Mexique.