Une étude turque estime que le piratage logiciel ferait reculer la pauvreté. Néanmoins, tout n’est pas aussi simple, surtout que ces recherches sont caractérisées par certains manquements qu’il faut prendre en compte.
Recours au piratage et recul de la pauvreté
En mars 2022, nous évoquions le fait que la Russie réfléchissait à rendre légal le piratage des logiciels occidentaux. En raison de la guerre en Ukraine, les Russes se voient en effet dans l’impossibilité de continuer à utiliser certains logiciels qui leur sont pourtant indispensables. Le piratage serait donc la seule solution à ce problème.
Et si le piratage pouvait également faire reculer la pauvreté ? Cette hypothèse est celle de deux chercheurs turcs détaillée dans une étude parue dans le Balkan Journal of Social Science. Dans le cadre de ces recherches, les auteurs disent avoir analysé les effets du piratage logiciel sur le niveau de pauvreté dans les pays émergents et les pays d’Amérique latine entre 2003 et 2017.
Au passage, il faut savoir que l’étude en question s’est seulement intéressée au piratage logiciel et non à celui des œuvres protégées. Rappelons que les logiciels professionnels sont très onéreux. Ils peuvent en effet coûter plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’euros.
Une méthodologie à revoir ?
Afin d’établir un lien entre le recours au piratage et le niveau de pauvreté, les auteurs ont considéré six indicateurs. Citons l’Indice de développement humain, le seuil de pauvreté, la moyenne de l’écart de pauvreté, l’Indice de Watts, l’Indice de Gini, ainsi que l’écart moyen logarithmique. Les chiffres de 2003 à 2017 ont ensuite été comparés avec le niveau de chômage, le pourcentage du PIB dédié à la santé et l’indice de capital humain.
Les chercheurs expliquent avoir mis en lumière une corrélation entre leur hypothèse et la réalité. Toutefois, il est aussi question d’une corrélation entre le recours au piratage et la hausse du chômage. Seulement, voilà, si les chercheurs évoquent « des coefficients négatifs statistiquement significatifs en ce qui concerne les dépenses de santé et le capital humain » ainsi qu’un « coefficient positif sur le niveau de chômage », les liens entre chômage et piratage ne sont pas vraiment expliqués.
Si l’étude cite de nombreuses sources, la méthodologie manque de substance, si bien que la démonstration des chercheurs n’est pas assez claire. Par exemple, il aurait peut-être fallu inclure des données concernant les pays développés où se trouvent également des personnes avec de très faibles moyens. Par ailleurs, l’étude n’explore pas la piste permettant de savoir comment le niveau de pauvreté influe sur le recours au piratage.