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S’insérer des piles dans l’urètre : l’erreur qui a ruiné le pénis de cet Australien

Les cas de corps étrangers insérés dans les orifices qui nécessitent une intervention médicale pour les retirer sont légion. Et malheureusement, par honte ou par peur de l’humiliation, certains patients ne consultent pas immédiatement, ce qui peut avoir des conséquences très graves. Un Australien de 73 ans en a d’ailleurs récemment fait les frais après avoir inséré trois piles boutons de plus d’un centimètre dans son urètre pénien, le canal urinaire de sortie de la vessie.

Lorsqu’il se présenta aux urgences de l’hôpital de Footscray (banlieue de Melbourne, Australie), celui que la toile surnomme aujourd’hui l’Energizer dummy (« l’andouille Energizer », NDLR) l’assurait pourtant : ce n’était pas la première fois qu’il insérait des piles rondes dans son urètre à des fins d’autosatisfaction. Jusqu’ici, il avait toujours réussi à retirer ces objets de 13,3 mm de large et 3,2 mm d’épaisseur qu’il utilisait pour atteindre le nirvana. Néanmoins, cette fois, la situation dégénéra irrémédiablement pour ce patient resté anonyme. Voyant qu’il ne pouvait pas les retirer, ce n’est toutefois qu’après 24 h qu’il se résolut finalement à consulter. Il se plaignait alors de douleurs péniennes modérées, d’une faiblesse du jet (signe d’obstruction urinaire) et d’une sensation de vidange vésicale incomplète.

Trois petites piles dans son urètre, grosses conséquences pour son pénis

« Les piles boutons sont corrosives et lorsqu’elles sont insérées dans l’urètre, elles peuvent provoquer une liquéfaction et une nécrose des tissus. Un retrait urgent est nécessaire pour prévenir d’autres lésions tissulaires et complications », expliquent les médecins dans leur étude de cas publiée dans l’Urology Case Report. Ils durent donc prendre en charge le cas sans attendre pour espérer sauver leur patient, craignant notamment que le cas dégénère en gangrène de Fouiner, une infection nécrosante rare, mais létale.

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Cette radiographie pelvienne révèle les trois piles coincées à l’intérieur du pénis. Crédits : Brendan Akihiko Yanada et coll./Urology Case Report, 2024.

Pour ce faire, ils eurent dans un premier temps recours à une pince à stent, puis une pince à artères sans toutefois arriver à libérer les corps étrangers. Cette procédure fut par ailleurs mal supportée par le patient. Après l’installation d’une intraveineuse pour lui administrer une batterie d’antibiotiques (sans mauvais jeu de mots) pour réduire le risque de gangrène, l’homme fut transféré d’urgence au bloc opératoire où les chirurgiens purent finalement extraire les piles par guidage cystoscopique, non sans s’inquiéter de leur aspect noir, recouvert d’une pellicule ressemblant à du goudron.

Un retour à l’hôpital après dix jours

Après trois jours sous supervision médicale à l’hôpital, l’homme put rentrer chez lui avec une prescription de deux semaines d’antibiotiques et la promesse de bénéficier bientôt d’une chirurgie reconstructive. Cette histoire aurait alors pu bien se terminer, mais quelques jours après sa sortie de l’hôpital, le septuagénaire dut se rendre une fois de plus aux urgences. Il souffrait en effet d’écoulements purulents de l’urètre et son sexe affichait un gonflement anormal.

Les médecins en charge du cas durent alors retirer une partie de l’urètre ainsi que des tissus nécrosés. « L’opération a révélé que les tissus à proximité du méat étaient nécrosés sur 8 cm, avec nécrose du corps spongieux environnant », relatent-ils dans leur étude. Ils ajoutent par ailleurs que la blessure était trop complexe pour envisager une reconstruction du pénis. Aujourd’hui, l’homme est donc bel et bien sauvé, mais devra compter sur un cathéter pour uriner normalement.

Le sodurètre, une pratique auto-érotique qui peut dégénérer

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Crédits : derneuemann/Pixabay

Ce n’est pas la première fois qu’un tel cas est rapporté par des médecins. D’autres patients, dont les cas furent rapportés dans diverses revues scientifiques en 2003, 2010, 2020 et 2022, avaient eux aussi inséré des piles dans ce même orifice, cette fois en utilisant des piles alcalines AA ou AAA. On parle alors de sodurètre, une pratique sexuelle visant à insérer un objet dans le sexe en passant par l’urètre.

Dans Le Monde, Marc Gozlan, journaliste médico-scientifique et médecin de formation, revient par ailleurs sur quelques-uns des autres objets insolites retrouvés dans les urètres d’hommes et de femmes s’étant adonnés à ce rituel sexuel. Il y évoque une liste « impressionnante : crayon, gomme, stylo, cartouche de stylo, clou, vis, aiguille à tricoter, câble téléphonique, ampoule électrique, billes magnétiques, petit aimant, paille, ressort, hameçon, brosse à dent, coton-tige, clé à vis, épingle à cheveux, balle de fusil […] Sans oublier des végétaux, tels que des carottes, des haricots rouges, des brins d’herbe, des concombres, du foin. De petits animaux ont même été découverts : ver, poisson, serpent, sangsue, queue d’écureuil. »

Si le sujet peut prêter à sourire, rappelons toutefois que cette pratique n’est pas sans risque. Chez l’homme, elle expose en effet à des risques divers tels que des difficultés à uriner (dysurie) ou à éjaculer, la présence de sang dans les urines (hématurie), une perte de contrôle sur la vessie ou encore un rétrécissement de l’urètre (sténose urétrale) qui nécessite une reconstruction chirurgicale. À cela s’ajoute le risque de blessure douloureuse au niveau des tissus mous du pénis.

Julie Durand

Rédigé par Julie Durand

Autrefois enseignante, j'aime toujours autant partager mes connaissances et mes passions avec les autres. Je suis notamment passionnée par la nature et les technologies, mais aussi intriguée par les mystères nichés dans notre Univers. Ce sont donc des thèmes que j'ai plaisir à explorer sur Sciencepost à travers les articles que je rédige, mais aussi ceux que je corrige.