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Pourquoi les dauphins feraient mieux de bien réfléchir avant de s’attaquer aux poulpes

Crédits : John Symons, Murdoch University

Inutile de vous attaquer à un poulpe sans une bonne préparation ! C’est en tout cas la leçon tirée d’une étude publiée dans la revue Marine Mammal Science. Les tentacules musclés tapissés de ventouses peuvent en effet être fatals aux dauphins qui ne prennent pas le temps de « déchirer » leurs proies avant de les avaler.

Le Grand Dauphin de l’indopacifique vit principalement à proximité des côtes, ce qui en fait une espèce vulnérable à la prise accidentelle et à la dégradation de son habitat. Les populations marines étant difficiles à évaluer, on ne dispose pas des données permettant un classement sur la liste des espèces menacées. Mais il n’y a pas que l’Homme et ses activités qui menacent l’intégrité physique de ces petits cétacés. Pour survivre dans un environnement où les proies se font de plus en plus rares, les dauphins s’attaquent aux poulpes. Une proie risquée qui n’hésite pas à étouffer son bourreau en obstruant ses voies respiratoires.

En 2015, un Grand Dauphin mâle adulte fut retrouvé mort sur une plage de Bunbury, au sud-ouest de l’Australie. L’examen pratiqué par un vétérinaire spécialisé dans les pathologies a révélé que ce dauphin, qui était selon toute apparence en bonne santé, était mort étouffé en tentant de manger une pieuvre. Il ne s’agit pas d’un cas isolé dans le sud-ouest de l’Australie : plusieurs dauphins se sont en effet retrouvés en difficulté après s’être attaqués à des poulpes. Alors, qu’est-ce qui rend les pieuvres si difficiles à digérer ? Un examen post-mortem de la victime a notamment révélé un tentacule de pieuvre qui s’étendait vers le bas de l’œsophage, tandis que les sept autres s’étaient agrippés aux parois de la gorge, obstruant ainsi les voies respiratoires. Incapable de relâcher ou d’avaler sa proie, le dauphin serait donc mort étouffé.

Crédits : Nahiid Stephens, Murdoch University

La pieuvre incriminée est un spécimen de Macroctopus maorum, la plus grande espèce de pieuvre trouvée dans les eaux australiennes et la troisième plus grande au monde. Il n’est pas inhabituel pour un dauphin de s’attaquer à de telles proies, mais la technique basée sur le « shake-and-toss » est normalement bien huilée. En d’autres termes, il s’agit pour le dauphin de faire « trembler » sa mâchoire pour affaiblir la pieuvre et l’empêcher de s’agripper aux parois intérieures. Les tentacules se retrouvent « déchirés » et le dauphin peut ensuite apprécier son repas.

« Je suppose que ce dauphin a tenté d’avaler ce poulpe de 2,1 kilogrammes sans une bonne préparation », affirme Nahiid Stephens, de l’Université de Murdoch à Perth (Australie occidentale), qui a effectué l’examen post-mortem. « Ce ne serait pas le premier dauphin à faire cette erreur. Les gardes forestiers situés le long de la côte australienne ont décrit des cas de décès similaires liés aux poulpes chez les dauphins et les lions de mer ».

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Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.